C’est l’été
Chaleur intense. Chape de silence. Heure de la sieste. Le ciel gris acier plombe et l’air tremble. Les insectes bourdonnent, les feuilles de l’arbre bruissent doucement sous la brise qui se lève. Les bruits semblent assourdis, endormis. Sur le chemin, le gravier crisse sous un pas. Un rire cristallin, clochette mélodieuse, flotte dans l’air. Des chuchotements portés par le vent. Des cris d’enfants, joyeux, prometteurs. Une porte qui claque chez le voisin. Clapotement des vaguelettes dans la piscine d’à côté. Tintement de vaisselle, porcelaine, verre. Crissement des pieds de chaises sur le sol de la terrasse. Un téléphone chante une mélodie de Mozart, allo, oui, petite musique de mots, des ah, des oh, salut, à bientôt. Au-dessus de la maison, un accordéoniste s’entraîne, la polka s’envole dans la vallée. Le chien du voisin aboie furieusement, les chiens de chasse du quartier bas lui répondent. Dans le ciel lourd, un avion trace une trainée blanche et finit par disparaître dans une explosion bruit de canon. Sur la route, une voiture accélère, le moteur gémit, grince, une moto pétarade. Bruit de boules qui s’entrechoquent, le concours de pétanque a démarré. Rires, commentaires, jurons, cris de victoire. Le calme revient. Murmure de la rivière, bourdonnement des insectes, frottement des ailes de papillon sur la joue, chant strident des cigales, c’est l’été.