Partie de campagne à Tiaret
Dès que le patron de Louiso lui donnait l’autorisation de garder sa traction pour le week-end. C’ était la fête. Toute la famille s’entassait dans la Citroën pour la petite expédition vers le paysage vallonnée de Tiaret. L’air frais des montagnes de l’Atlas rendait le paysage plus vert et changeait de l’aridité et de la chaleur torride de pays.
Louiso avait repéré une clairière qui remplissait toutes les conditions pour que son père puisse se reposer à l’ombre et jouir des odeurs de la nature. Alors que Julia et Paula déchargeaient le panier de victuailles, nappes et serviettes vichy et y disposaient le chargement sur l’herbe, Josy et Louiso conduisirent Henry s’installer au milieu de nombreux coussins confortables qu’elles avaient aménagés pour lui.
Les filles , elles se postèrent autour de la nappe à pique-nique , face aux rayons du soleil, pour détendre leur corps insatiable de chaleur. Leur robe flottante mi-longue laissait entrevoir leurs genoux minces et un peu ridés par l’assèchement du sel et de la mer. Elles descendaient systématiquement les bretelles de leur robe pour redorer leurs épaules délicates souvent striées par la marque des emmanchures et rabaissaient leur décolleté sur leur poitrine généreuse . Leurs occupations préférées étaient le recensement de leurs grains de beauté imaginant que leur place stratégique pouvait indéniablement renforcer leur sensualité naissante. L’application de leur posture et de leurs tenues vestimentaires toujours faites main, – avec les restes des tissus haute-couture que Rina ramenait de la boutique- les faisaient ressembler à des starlettes de festival.
Le pique-nique consommé, c’était ,enfin , l’heure de la sieste.
Les rayons du soleil qui passaient entre les feuillages illuminaient les belles endormies aux toilettes de couleurs vives. Leur instinct séducteur les faisait rêver à des rencontres amoureuses pleine de promesse. Elle imaginait leur galant être à l’affut du moindre regard discret qu’elle lancerait comme des bouteilles à la mer dans l’espoir d’un sourire prometteur en retour. Rica, Paula et Julia qui gonflaient leur poitrine à chaque inspiration, ressemblaient à des poupées de cire , rien ne pouvait altérer leur beauté et leur fraicheur. Alors que le vent doux soulevait leurs jupons , un sourire léger animait leur visage endormi .
Henry s’installait pour jouer de son Oud qu’il ne chérissait comme rien d’autre. Il caressait d’abord son dos, puis ses cordes qu’il resserrait , et il entamait des chants poëtiques qui disaient l’harmonie de la nature et de l’ amour. Selon son humeur , il jouait des grands chants nostalgiques qui berçaient ses filles et leur donnaient les larmes aux yeux tellement leurs rêves romantiques étaient exacerbés. Alors , il cessait de jouer pour ne lus les faire sangloter …
Puis le silence de la nature prenait place et tout le monde s’endormait profondément.
Les visages se détendaient, les rides d’expression se lissaient au gré des respirations profondes ; et le bien-être de ces après-midis en plein-air s’insinuait dans chaque veine et chaque veinule pour s’irradier dans tout le corps .
De son côté, Josy dormait face à Henry laissant toujours une main posée sur le visage de son homme, pour le rassurer et lui signifier sa présence. La famille tranquille et apaisée reprenait , ainsi les forces nécessaires pour affronter les aléas d’une vie rythmée par difficultés du handicap d’Henry.
Lui ne relâchait jamais sa vigilance auditive, savourait le chant de oiseaux et le souffle d’air se faufiler entre chaque brin d’ herbe. Il orchestrait dans son sommeil, le bourdonnement des abeilles , qui s’arrêtait net quand c’était l’heure de butiner les restes du repas abandonnés sur la nappe vichy . La musique de la nature , son frémissement et ses vibrations, ses percutions-même habitaient le demi-sommeil d’Henry qui se laissait bercer, allonger sur le côté, en chien de fusil, entourant son Oud rebondi comme s’il tenait le corps d’une femme.
Louiso , lui s’était éloigné de la famille et était allé s’endormir dans la Citroën. A l’inverse de son père dormir au son des grillon , le rendait nerveux . Il préférait s’isoler. Au bout de quelques minutes dans sa voiture , il s’endormait comme une enfant sur le ventre de sa mère. Bouche ouverte, il laissait échapper un ronflement à travers les fenêtres qu’il avait laissée légèrement entre-ouvertes . Bras et jambes s’étalaient sur le fauteuil, et auraient fait douter n’importe qui sur ces aptitudes à la conduite…
Dès que tout ce petit monde se réveillait, il était bientôt 17 heures et le soleil commençait sa descente, l’air de la montagne donnait le frisson aux filles et leurs épaules rougies par les coups de soleil commençaient à piquer , il était temps de rentrer. On aidait Henry à se relever et on le reconduisait gentiment à la voiture.
Le retour se passait toujours en musique et le tempo donné par Henry , alimentait les chants aux paroles naïves et parfois burlesques. On riait et Louiso ne cessait de taper sur son volant à la manière d’un tambour , pour rendre le chemin plus distrayant.
Merci pour ce pique-nique et cette sieste familiale. C’est très réussi.
Merci à vous de suivre mes écrits , ça me fait énormément plaisir!
beaux portraits de femmes et d’hommes si différents… et ensemble… sous le soleil et dans une quiétude qu’on sent passagère, éphémère. Merci !
Merci Eve pour ce retour . Je viens de lire votre dernière publication .Très inattendue. Ces animaux sauvages toujours en mouvement ne donnent jamais l impression qu ils se reposent …
Texte très visuel. C’est comme un tableau.
Merci
Merci de continuer à suivre cette épopée littéraire. Tous dans le même bateau, on tient le cap ! A vous lire…!