Le corps mat de l’homme qui court de nuit alors que par-delà, les granges prennent feu après lui
Le manche rouge du grattoir planté dans la neige
Le sang dans la fourrure noire et dru du chien à l’arrière du pick-up lancé dans la ville, le sang sur les mains qui tiennent le volant
La petite culotte retrouvée dans la canalisation
Le regard de la mère lorsqu’elle comprend finalement
La lettre glissée sous la porte, le crochet du cintre qui tente de la récupérer
Les doigts qui s’agrippent et cherchent le bord à tâtons, de la petite boite avec tout l’argent dedans
Le fauteuil roulant qui se déplace lentement, avec juste les jambes fines et douces, les pieds nus qui cherchent en même temps, tentent de suivre le bruit qui vient de sous le parquet
L’homme dans la barque conduite par l’enfant, qui glisse dans une immensité verte, sorte de forêt immergé, l’homme dont les bras sont coupés.
Les dessins de trains, comme des dessins d’enfants, qui s’empilent au générique.
Le vieil homme dans son lit, dont le souffle et les réveils se font rares et le gouffre silencieux, autour duquel quelqu’un joue au ballon
La lumière rouge de l’écran qui se reflète sur le visage de la femme et surtout, surtout l’absence de son
Les deux chaussures ôtées et déposée sagement là, les lacets dénoués, sur le bord de la falaise
Le cou de l’enfant tranché en rêve, sur le bord de l’évier
Le reflet de la petite fille dans la vitrine, le reflet de l’homme au chapeau qui a vu la petite fille dans la vitrine
La femme qui s’assoit à la même place que la fille de la veille, qui commande la même bière.
Le vélo lancé sur la piste lisse et beige qui tourne en rond à toute vitesse
Le sable retourné à la main par l’homme en costume désespéré
Les cheveux bleus, vert et ensuite orange où peut-être est-ce dans un autre ordre ?
Les traces de peintures rouges sur le pare-brise qui ne disparaissent pas, ne s’effacent pas malgré le lave-glace actionné. Le rouge qui s’étale toujours plus
Au jeu de reconnaître le film on pourrait jouer, deux films auraient-ils la même image ? Peu importe car au final cette accumulation créer un nouveau très étrange film, à la fois inquiétant et familier,
merci !
deux films auraient ils la même image ? c’est génial et abyssal ce que la question à ouvert pour moi comme relecture, parce que du coup, je n’y avais pas pensé, qu’une image pour moi, à la lecture peut être interprétée pour une autre …
mais par contre je me suis rendu compte que dans ma liste, deux images ont le même film !
ça semble ludique mais pas tant que ça puisque les questions que cela pose sont sérieuses et vertigineuses. Un parti-pris assumé qui fait envie. On pourrait écrire une histoire du cinéma de la sorte, rien que par des images mémorisées qui font le film. Objectif ou subjectif ? Merci Line de t’y être risquée
Merci Cecile pour la lecture et le retour et merci a la contrainte qui m’a donné une forme et une occasion de faire enfin cette fameuse liste de film vue… à continuer !
Des images qui restent tragiques (pour moi) et font, à elles toutes, un autre film à écrire, un seul film une seule histoire. Merci Line
Merci Valérie pour ce retour qui me donne à relire l’ensemble différemment et à y trouver des points de contacts qui forme, effectivement un univers cohérent