#anthologie #19 | Animaux, Humains

le gentil garagiste derrière son bureau d’accueil hurlant au téléphone « vas-te faire baiser, connasse » et son sourire habituel, après

retenant un jeune chien noir et blanc par le collier, près d’une petite écluse du Berry, herbe rase bien verte, maison à crépi blanc, canal désert

la photo en noir et blanc de Rose, debout devant un rosier grimpant, sur la table de chevet d’une nouvelle sœur, orpheline

dans une soupente en haut d’un escalier en colimaçon, deux junkies l’un couché, l’autre assise demandant qu’un aille lui chercher du coca, répétant plusieurs fois le mot « coca ». Quelqu’un montre du doigt la porte basse à côté « il y avait Laura, elle a glissé »

ce rapace s’éloignant dans le ciel toujours plus haut, jusqu’à ce que l’œil de l’humain couché sur le sol ne puisse plus le percevoir

devant chez ses parents, Laure à vingt ans, lèvres rouge vif, veste courte en fourrure blanche, un quadragénaire derrière elle prêt à monter, nos regards croisés, sa tête détournée

le magasin de vêtements rue des Carmes, avec son comptoir de verre et son enseigne Elle et Lui, lui costard et moustache taillée, elle en vert cacadois et bijoux dorés

la chatte assise et toilettée, sa queue entourant ses pattes de devant, attendant le retour d’un humain sur le pilier du jardin, chaque jour vers 17 h pendant vingt ans

un homme dans la quarantaine portant un couffin avec bébé, descendant l’escalier de la maternité à toute vitesse

ce type bedonnant courtisant ma mère et commentant mon retour du collège avec un bouquet de marguerites : « si elle offre des fleurs c’est qu’elle a quelque chose à se reprocher ». Je revenais du cimetière du Père Lachaise où j’avais traîné sur les traces de Morrison . On ne l’a pas pris, ce type

le splash de cette superbe grenouille vert pomme découverte en soulevant la souche, quand on a reposé la souche, pourtant délicatement

A propos de Valérie Mondamert

J'anime des ateliers d'écriture dans les Alpes de Haute-Provence depuis dix huit ans, (DU d'animateur en atelier d'écriture en 2006, à Marseille), je suis prof de musique et je mêle avec joie les deux fonctions. J'ai publié des récits.

2 commentaires à propos de “#anthologie #19 | Animaux, Humains”

  1. La première image m’a saisi d’un éclat de rire et j’ai été accroché par cette liste d’images tellement vraies, parfois terribles, parfois drôle, parfois un peu des deux, merci !

  2. Merci Line, oui de plus en plus envie de mêler le rire à tous les tragiques. Mais pas facile..