#anthologie #18 | photos mémoire de toute façon

Photos mémoire
Dentelées, petits formats avec bord blanc, d’un genre ancien, définition de l’image plus qu’approximative, du grain, du flou.
Pour la plupart, il s’agit de photos de personnes qui posent pour une occasion solennelle, moments qui comptent plus que d’autres. Photos-repères dans le temps. J’y retrouve mes arrière-grands-parents dans l’autre siècle.

Photos dans une boîte comme au rebut
Les photos datent de l’époque où on les tirait sur papier. Elles sont entassées par paquets dans la boîte, parfois dans l’enveloppe de tirage. J’y fouille parfois à la recherche d’images de voyages à partir de la fin des années 70, Penang, Djodja, Phuket, Varanasi, Mexico, Antigua, Recife, Bahia, Chicago, Londres…  
La boîte en carton a été remplacée au dernier déménagement par un coffret indien en bois sculpté. Elle est rangée dans ma bibliothèque.

Photos d’école
Encadrées, immortalisées. Les faire disparaître quand ma mère ne sera plus.

Photos de l’intérieur du corps
Toutes éliminées sauf les dernières pour peu qu’elles recèlent quelques anomalies

Photos de sols 
Encore marquée par cet atelier où le regard s’était concentré sur les sols de toutes les nature, matériaux, gravillons, plaques d’égout, bords de trottoirs, fissures dans le goudron, tranchées, herbes résistantes…

Photos de l’enfant
Pas si nombreuses, c’était dans les années 50. Elle est souvent habillée de blanc. En été elle porte un chapeau quand on la baigne dans la mer.

Photos de saison
Nombreuses, rangées dans l’ordinateur, étiquetées en quatre dossiers par année. Quatre saisons. Mes arbres, mes plantes, mes fleurs, mes légumes. Besoin de les fixer dans le temps, de mesurer leurs croissances

Photos ratées
Impossible de mettre la main dessus, elles ont été jetées.

Photos de lui
Elles sont dans un disque dur, presque toujours de dos (jamais réussi à le photographier autrement). Le plus souvent il est dans le jardin équipé d’un râteau ou d’un balai en bruyère ou alors en promenade au bord de la mer. À la fin il restait dans son fauteuil. Les dernières photos sont des gros plans sur ses mains.  

Photos de soi pour la presse
On ne garde que celles où on l’air fréquentable. Ou alors le contraire.

A propos de Françoise Renaud

Parcours entre géologie et littérature, entre Bretagne et Languedoc. Certains mots lui font dresser les oreilles : peau, rébellion, atlantique (parce qu’il faut bien choisir). Romans récits nouvelles poésie publiés depuis 1997. Vit en sud Cévennes. Et voilà. Son site, ses publications, photographies, journal : francoiserenaud.com.

8 commentaires à propos de “#anthologie #18 | photos mémoire de toute façon”

    • merci pour ton passage, Émilie… un premier écho ça fait toujours du bien
      une proposition qui nous fait souffler un peu !

  1. Oui, tout est mémoire, et je crois que même les ratées, on s’en souvient ! Je suis bluffée par la diversité des réponses à cette proposition de celles et ceux que j’ai lus…

    • salut Marlène
      oui tout à fait en accord avec toi ! depuis quelques propositions d’ailleurs, il y a des choses très diverses et bonnes… comme si tous nous rentrions dans un rythme

      cette proposition autour des photos est passée facilement mais il aurait sans doute fallu y mettre plus d’intensité… quelque chose qu’on ne peut pas faire tous les jours !

  2. garder une photo de soi.. infréquentable.. même ratée ( la photo !) quelle liberté! Merci !!

  3. j’ai aimé tes photos de saison, tu les étiquettes comme on étiquetterait les sachets de fruit et légume
    bel inventaire de photos et de quelques étapes de la vie

    • la forme par petits fragment relativement bien rangés permet de créer de l’espace entre les images décrites, on en tire du confort à la lecture… et au passage quelques façons de s’en sortir pour savoir où elles se trouvent dans les nombreux dossiers, année après année
      quelle jolie surprise de te retrouver par là des jours plus tard… merci Fabienne