Jane hésite entre un sandwich au fromage et un au saumon. Le domestique attend patiemment qu’elle choisisse. Mon ventre gargouille. J’aimerais que le plateau arrive jusqu’à moi, mais il faut attendre que Jane choisisse. Le reste de la famille Austen ne s’encombre pas de ces formalités, chacun vient piocher dans le plateau. On s’affranchit ici de certaines convenances. Il y a d’ailleurs, dans le salon, un encombrement particulier. Un dessin posé par terre, trois livres ouverts et cornés posés sur un guéridon, la vitrine ouverte d’un meuble comme attendant qu’on y prenne ou pose quelque chose, une liasse de papiers froissés posée aux pieds de Jane qui n’a toujours pas choisi son sandwich. Le domestique lui demande si elle en veut un nature, sans fromage et sans saumon. Jane hoche la tête. Le domestique sort rapidement et revient, comment fait-il, quasi dans l’immédiat, avec son plateau. Je ne peux m’empêcher de lorgner. Jane regarde la pendule. Il va bientôt être l’heure de sa lecture. Je ne sais pas ce qu’elle va lire. Jane prend fébrilement un sandwich sans rien, l’engouffre d’une traite dans sa bouche en laissant des miettes tomber sur sa robe. Tout le monde rit en la regardant faire. Et Jane, libérée du poids de choisir, éclate de rire la bouche pleine.
10 commentaires à propos de “#anthologie #17 | Jane”
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Le temps dans l’attente d’un seul geste. Merci, Nolwenn, pour ce texte !
Merci pour la lecture et le commentaire Helena;)
Tellement bien dit Helena . Suspens et humour . Et toute les petites choses qui se voient si bien. ( j’ai faim
Soudain) Merci
😉 Merci Nathalie
Pris plaisir à lire ce petit évènement de la vie de Jane Austen. Un petit rien qui la fait vivre dans le texte et cet éclat de rire final contagieux ! Merci Nolwenn
Merci Isabelle;)
Le premier texte de la #17 que j’ai lu avant même d’avoir écrit le mien : j’ai beaucoup aimé et j’ai été saisie par l’écriture décomplexée du texte qui se frotte à Jane Austen. Merci Nolwenn !
😉 merci pour la lecture et le commentaire Cécile;)
fantastique cette proposition qui nous propulse à chaque fois à chaque lecture dans un monde différent… et nous voilà, avec toi Nolwenn, en Angleterre au moment des sandwiches juste avant la lecture… (mais il avait il du saumon à l’époque sur les tartines ?) n’importe, on sourit et on ressent cette impatience de jeune fille et sa possible effronterie…
décomplexé comme écrit Cécile
😉 merci Françoise pour la lecture et le commentaire