Sur un petit plateau devant elle il y a deux tasses, remplies de chocolat chaud. Ça fume et ça sent bon, à l’intérieur de la cuisine où elle fait cuire des œufs.
La petite cuillère, deux petits mouchoirs repliés l’un sur l’autre, et les deux assiettes sur lesquelles elle a placé les toasts et leur garniture.
Elle est pied nue, ne porte pas de bas et de ce fait son pas se fait petit, presque un glissement presque rien, quand elle dépose le plateau devant la chambre de ceux qui sont ces enfants.
De la même façon lorsqu’elle s’en retourne à la cuisine, pas de trace de son déplacement.
J’aurais aimé être la voisine, un tantinet grinçante, collée jour et nuit à la cloison, qui aurait, pour être déplaisante, forcée l’ouïe et exagérée le son. J’aurais aimé être cette mégère, qui surveille l’étrangère depuis son arrivée et voit d’un très mauvais œil la jeune blonde et ses enfants sans père. Je me serais indignée que fait elle de si bon matin, et alors que dans mon lit le mari sur le côté ronflant n’occupe plus mes nuits depuis longtemps, je me serais un peu secouée, sortie du lit et j’aurais franchi le palier et les dix-huit marches au-dessus pour taper à la porte doucement et un peu sèchement quand même.
Et la porte se serait ouverte. Elle aurait mis sa petite tête blonde fatiguée dans l’entrebâillement pour s’excuser, plutôt que de la mettre dans le four et de l’allumer.
Abîme de la dernière phrase, très puissant la rupture de ton avec ce qui précède – une plongée. Merci!
Ah oui, quelle fin ! Totale rupture avec cette délicatesse du texte
Comme c’est joliment amené, cette fin si cruelle. C’est amené très intelligemment. Merci Line.
Merci Elise, Perle et Sophie de votre passage dans ce texte, et de vos retours!
Merci de montrer comme une atmosphère et un état d’esprit peuvent être ciselés de manière concise Et cette chute comme un vertige de tragédie, en vrai, souvent en suspend quelque part.
Merci de votre lecture et retour !