Elle l’attendait à l’heure dite à l’endroit convenu. Elle était équipée comme à l’accoutumée, avec dans son léger sac de l’eau et des barres de céréales en cas de baisse d’énergie pendant la marche. Elle lui sourit dès qu’elle l’aperçu, fit un grand geste avec les bras pour se faire remarquer. Un geste outré, presque comique. Elle était à l’aise, en pleine forme. Amusée d’avoir dû s’agiter ainsi en public.
Elle eu des difficultés à la voir, elle la repéra à sa grande gesticulation. Inadéquate dans cette foule de promeneurs. Le plaisir évident de celle qu’elle se préparait à rejoindre la surpris. Il lui apparut inapproprié, hors de propos. Depuis la catastrophe du vote de la veille, elle-même n’avait pas dormi, ressassant sans fin pour décider de la suite à tenir. Alors cette joie éclatante… une faute de goût au vu des circonstances, à la limite de l’impardonnable.
Cela lui apparut d’un coup. Une idée qui ne lui avait jamais traversé l’esprit. Peut-être n’étaient-elles pas du même bord ? Cela expliquerait cette joie… déplacée.
Suivant ce fil, des exemples affluaient dans sa mémoire. Tel film bouleversant qu’elle n’avait pas aimé, tel exposition révélant un désaccord sur l’artiste, tel livre encensé qu’elle n’avait pas pu finir et dont elles n’avaient jamais reparlé. à la réflexion, elles n’avaient jamais abordé ces sujets, persuadées d’avoir les mêmes opinions. Elle ralentit ses pas, puis s’arrêta prête à repartir en sens inverse.