Il dépose sa canne dans le porte-parapluie, accroche sa veste et sa casquette au porte-manteau, attrape le rebord de la chaise. Ses doigts s’y accrochent. Il n’a plus que la peau sur les os. Tout de lui annonce la mort jusqu’à l’extrême pâleur du bleu de ses yeux. Il tremble.
Mais c’est elle face à lui qui se sent tout à coup vaciller. Il faut pourtant qu’elle lui parle, qu’elle le lui dise. Lui, il attend que quelque chose se produise, la tête maintenant baissée, dans le silence du petit bureau. Elle sent sa gorge se nouer au moment où elle veut prononcer un premier mot. Un raclement de gorge, puis deux. Lui, juste en face d’elle, lève sur elle son regard bleu pâle. Elle voit qu’il sait. Elle est morte, n’est-ce pas. D’avoir pu prononcer ces mots là le soulage, il se redresse autant qu’il le peut, lâche le dossier de la chaise, se retourne, attrape sa casquette et la visse sur sa tête, enfile sa veste, prend sa canne, ouvre la porte du bureau de la Directrice et s’avance dans le couloir qu’il ne reconnaît pas vraiment. Les résidents croiseront une âme en peine leur demandant désormais à chacun, chacune, où donc est ma maison, où donc est ma maison ?