Il vous faut du chaud… c’était la seule parole réconfortante qu’il était capable d’entendre, lui qui venait de loin à travers la guerre et les frontières extrêmes de l’hiver, lui qui avait souffert comme personne n’imagine… la soupe chaude, ça va vous requinquer, vous allez voir, et pas rien qu’un peu… elle avait surgi dans la fin du jour de derrière l’église, soutenant une marmite calée dans ses jupes pour ne pas se brûler les mains, elle avait les joues rougies sous un bonnet grossier qui couvrait des cheveux en désordre… mon bon ami approchez mais approchez donc… il n’était pas du genre à baisser les yeux ni à plier l’échine, il serait mort plutôt que de plier, il pensait à son père demeuré dans la neige… mais vous paraissez bien jeune, dites-moi, d’où vous sortez comme ça tout seul ?… est-ce qu’elle avait eu faim elle aussi un jour de misère, est-ce qu’elle s’était privée pour ses enfants, est-ce qu’elle avait eu un homme jamais rentré du front ?… et puis vous êtes si maigre... elle généreuse était sortie du décor dans ces murmures qui accompagnent la chute du jour, elle se souciait des réfugiés, de ceux qui avaient échappé à la violence et se battaient pour redessiner les contours d’une existence possible… la porte de l’église est toujours ouverte, vous savez, tout le monde a droit à l’abri et au recueillement, c’est ce que je leur ai dit à tous, Dieu c’est pas que pour les riches… elle avait posé sa marmite sur le muret qui bordait les bâtiments, avait sorti un bol de son tablier et versé du bouillon de légumes qui fumait dans l’air froid… vous pourrez dormir dans la sacristie, il y a des couvertures, demain je vous porterai du pain, en attendant faut vous requinquer, buvez bien chaud…
un peu tiré par les cheveux par rapport à la proposition
mais je suis en retard et j'ai repris mon personnage d'enfant survivant à la guerre et à la neige... alors tant pis pour l'écart !
ce n’est peut-être pas dans la proposition mais on est dans la situation avec cette (vieille ?) dame empathique, et puis c’est quand même réconfortant d’imaginer (et elles existent) des personnes comme elle par les temps qui courent…
c’est aussi très réconfortant de s’écarter de la consigne et de retrouver de la douceur, même dans les temps anciens et dans le froid !
merci pour ton passage, amie Marlen
Sans même connaître la consigne, j’éprouve tellement le soutien, la chaleur apportés à ce réfugié « qui venait de loin à travers la guerre et les frontières extrêmes de l’hiver »;.. tu as eu raison de continuer à tracer dans ton sillon
oui je n’ai pas pu retrouver la subtile ironie de Nathalie S dans cet exercice en voulant continuer à coudre des parts de mon histoire, mais j’ai tenté de conserver le phrasé et la construction…
et te retrouver ici, Muriel…