#anthologie #14 | Je dis ça, je dis rien

« Je dis ça, je dis rien » ce serait à utiliser immédiatement pour ponctuer la correction que nous voudrions donner sans pour autant le contredire frontalement ? Sa certitude est erronée, mais comment l’alerter. Il vient de s’exprimer publiquement. Pouvons-nous commettre l’irréparable et révéler son erreur non seulement à lui mais aussi aux autres. Les conséquences peuvent être lourdes, déplaire à un décideur peut-être définitif. Non, il est urgent d’attendre une autre occasion. 

«Je dis ça, je dis rien » dans la discussion à côté de la machine à café apporter la preuve factuelle de la mesquinerie du personnage, une démonstration éclatante qui ne nécessite pas d’aller jusqu’à la formulation de la conclusion sur ce défaut. Se restreindre in extremis avec un je dis rien tout en l’exprimant quand même.

« Je dis ça, je dis rien » Ou comment établir que les viennoiseries d’ici ne valent pas celles de la-bas, moins chères et bien meilleures. Donc la prochaine fois, sans vous commander, nous irons la-bas. Cette technique s’adapte à tout autre sujet que la boulangerie. 

« Je dis ça, je dis rien » pour donner son avis sur tout, surtout quand il n’est pas requis. S’exprimer et dans le même temps s’excuser de le faire. Idéalement accompagné d’un léger haussement d’épaules. 

« Je dis ça, je dis rien » l’expression emblématique de ceux et celles qui combattent leurs timidités,  de celles élevées dans la réserve et la discrétion, ne supportant plus de s’entendre dire que « je crois que ça va pas être possible » à chaque demande rabrouée. Alors elles biaisent, elles tentent avec maladresse d’exister.  

A propos de Noëlle Baillon-Bachoc

Lectrice compulsive, attirée depuis le plus jeune âge par la littérature de l’imaginaire avec une prédilection pour le fantastique. Je me consacre à présent totalement à l’écriture. J’anime des ateliers d’écriture et des stages dédiées à la littérature de l’imaginaire.

Laisser un commentaire