Toujours le même quartier Le même trajet Les mêmes pas Les mêmes souvenirs et les mêmes pensées J’y reviens à pied par mes rues Je renonce au tramway Je laisse partir le bus Je marche Je marche dans mes pas d’antan J’écoute le bruit du vent dans les arbres de l’avenue Je sens l’odeur de la ville Mélange de poussière de sueur de chaleur d’été Odeur d’une ville emplie selon les saisons par la neige fraîche par la pluie qui purifie par les effluves des fleurs du printemps La ville est la même et différente aussi Les petits magasins n’existent plus Le lait frais en bidon Le conseil de la droguiste L’étal du boucher Le photographe La coiffeuse A la place l’offre des grands magasins a débordé et étouffé ces relations particulières avec un quartier chaleureux Le commerce y gagne le consommateur aussi Mes souvenirs sont bien rétrogrades inutiles alors que je traverse le marché fermé à cette heure J’aime ces débuts de soirées Ces lumières douces Le ciel qui se voile de rose et de gris Les bruits qui s’atténuent Les silhouettes qui s’effacent petit à petit Le flot des voitures s’apaise Les candélabres s’allument Les pas claquent dans le silence Dans ma tête j’entends le trot des chevaux qui sortaient du manège matin et soir Je longe le mur à droite Je passe devant la maison Je m’arrête au portail Toute en pensées je pose ma main sur la poignée bloquée fermée Je lève la tête Les fenêtres sont éclairées Je regarde les boutons de sonnette à droite du portail Son nom y est toujours Mais lui ne sera plus dans l’appartement du premier étage Cet appartement ne nous concerne plus C’est du passé Je continue mon chemin Il n’y a pas de retour
Votre texte me touche, l’interrogation sur le lieu, sa nature, son rapport au présent au passé à travers le même lieu.
Très nostalgique, ta belle écriture pour raconter cette nostalgie, Monika.