C’était peuplé c’est à présent désert Comme si la nuit laissait une place Comme si la nuit remplaçait un public par un autre plus mince plus bruyant plus exigeant plus fantomatique plus imprévisible aussi dans les recoins non éclairés d’une rue masquée La journée grouille d’habitués qui courent et de touristes qui flânent Les coins sombres sont des coins denses Il est possible de se frayer un chemin partout pour aller de là à là Quand la nuit est tombée depuis longtemps on ne va pas de là à là On refait les trajets On suit une lumière artificielle qui porte les ombres dramatiques vers des destins dangereux Notre Dame n’est plus éclairée elle est devenue misérable et famélique à contourner dans un dédale de panneaux expliquant l’histoire les origines le funeste les trésors les ombres de tous les autres les vivants et les morts ensemble Je n’ai plus mes repères et je me perds dans ce public mince et encombrant et j’entends des voix par-dessus les panneaux ou à travers ou venant de dedans Des voix d’ailleurs Des voix précises amenées par mon brouillard Et l’Hôtel Dieu Et il y a un point noir au cœur de Paris Je suis le point noir que n’éclaire pas le lampadaire Je passe à côté sans voir l’église morte Je passe à côté pour rien Comme une tombe éventrée que j’enjambe parce que la mort
Très fort, ce texte fantomatique
Merci pour la lecture et le commentaire Natacha;
toujours fort d’oser les hiatus… (quand on peut se le permettre !)