Prendre le chemin opposé, partir sur un coup de tête, elle en avait entendu des histoires à dormir debout… des femmes qui…des hommes qui…. c’était pour les romans ou les séries sur Net Flix,
ha oui et comment ? avec quoi ? et les enfants, et la maison et lui ?partir sur un coup de tête, tiens , ben, ça serait trop bien, tiens, elle n’en pouvait plus, elle en avait parler aux copines à la sortie de l’école au moment de la petite demi-heure qui fait tellement de bien juste avant de récupérer les gosses,
allez on s’en fume une petite, histoire de dire que c’est la meilleure celle qui ressemble à de l’indépendance,
on a appris pour la maman de la petite Céline et, ben, elle a fait comme ça, sur un coup de tête, sur un coup de tête, elle lui a fait la coup d’aller se chercher un paquet de cigarettes et ils l’ont plus jamais revue,
va savoir où elle est passée ,la maman de la petite Céline, c’est pas possible de partir comme ça de laisser ses gosses, le mari, il parait, il l a cherchée partout, il a rien vu venir,
moi non plus d’ailleurs,
la gamine est pas venue à l’école pendant une semaine, ils ont appelé tous les hôpitaux de la région, rien de rien
aucune nouvelle, elle s’est peut être fait assassinée qui sait, ou violée ou je ne sais quoi
elle était belle la maman de Céline, elle avait un air bizarre des fois, la matin, les yeux gonflés, on aurait dit qu’elle avait pleuré toute la nuit , ou bu ou….la drogue va savoir,
en tout cas, plus de nouvelles, elle s’est barrée, moi j’ te dis, elle en pouvait plus, elle en avait gros sur … enfin j’en sais rien moi, elle les a tous plantés, là, sans rien dire à personne ,c’est fort quand même, elle a du cran cette fille-là,
et puis on n’ en sait rien, elle avait peut être préparé son coup,
on dit un coup de tête après tout, rien du tout, si ça se trouve elle avait tout calculé, du fric, un endroit pour aller crécher, on n’en sait rien elle a peut-être décider de faire le tour du monde en sac à dos….
mon rêve…
allez , je me lève,
le coup de tête, ça sera pour une autre fois, il faut allez chercher les gosses…
un jour peut-être…
J’adore Carole votre texte, je l’aime beaucoup, j’aime sa vivacité, son écriture, ses pensées entre celles de la maman, les vôtres, les autres, la société, ces portraits de sorties d’école à la grille quand tout le monde s’interroge. Et puis, ce que l’on ressent soi-même face à ce que l’autre fait ou ose faire, c’est très vrai, c’est très beau, merci à vous. A bientôt.
En effet ! nos deux textes entre vraiment en écho. Tout à fait d’accord avec la lecture de Clarence. J’aime beaucoup le point de vue choisi qui permet de raconter comment les autres se fabriquent des scénarios à partir d’un événement à la lumière de leur propre existence, à travers les préjugés. En ignorant absolument ce qui se trame dans la conscience de celui qui a agi. Et puis cette fin qui montre comment les actes des autres peuvent peut-être creuser souterrainement un chemin, une idée. Et plein de petits portraits en creux : la narratrice, la maman de Céline, le mari…C’est très riche ! Merci Carole !