Dans la journée qui s’avance l’ordinateur va s’allumer. Un doigt. L’index montre le bouton de droite qu’il frôle et j’attends. Un reflet bleuté sur le bureau entre dans la chambre. Un rai de lumière sépare alors le sol de façon oblique heurtant le lit. L’ombre du mur dans le jardin a mis ses bottes de sept lieues. Plus de soleil sur la sauge. Un insecte, attardé, retardé butine encore, fleurant jusqu’au dernier moment. J’attends encore un peu. Je guette l’heure des geckos. Sortant de façon impromptue ils dessinent sur le mur qui me fait face un labyrinthe dont eux seuls savent sortir. L’ombre du jardin est là, envahissante. Tout au bout, à droite la bande de soleil lutte pour rester jusqu’au dernier moment, le moment où je vais commencer. Mais j’attends un tout petit peu. Les gazénias sont déjà fermés au monde des ombres. Le jasmin s’est tu mais un avertissement olfactif m’indique sa présence. Je vais devoir allumer. La pénombre est vivante. Je n’attends plus. J’écris.
« la bande de soleil lutte pour rester jusqu’au dernier moment » un peu comme on lutte pour ne pas s’endormir, rester encore un peu. C’est bien dit. Merci Carole