Octobre. 6h00. Il fait encore nuit, mais je sens que l’ automne a commencé. J’ouvre les rideaux .Les feuilles de marronniers jaunissent à vue d’oeil. Leur sève se retire peu à peu et retourne au tréfonds de la terre. En attendant, les feux du camion poubelle traversent l’obscurité de la rue pavillonnaire , et deux hommes en cirés gris, à force de grands gestes automatiques , vident les poubelles vertes en plastique. Il pleut doucement, finement. Les feuilles suintent en goutte à goutte. Certaines ne tiennent pas le coup. Elles lâchent leur branche et finissent écrasées , incrustant le reste de leur nervure sur le noir du goudron . La chaussée, sans pitié, reluit.
6h30 , je fais mon café et m’installe à ma table de travail. Ma routine est stérile ce matin. C’est l’angoisse des rentrées des classes. Les fenêtres des maisons d’en face s’allument toutes une à une. Leur langue-morse code : « Ça -grouille -là-de-dans ». Des ombres s’ agitent. Le réverbère qui illumine la rue et mon bureau vient de s’éteindre. Le jour peu à peu se lève sur ce bout de ma planète. Je reste dans la pénombre.
La luminosité de mon écran d’ordinateur fait deviner les ombres de mes grands compagnons, bureau, stylos, livres ouverts et cahiers en vrac. Encore en chemise de nuit, je me mets en place . J’attends que ça vienne. Mon cerveau est endormi. Hémisphère droit rien, hémisphère gauche rien. Je visualise mes deux cervelets. Ils ronflent encore et me laissent vide.
Un petit haïku de rien du tout. «Toute la pluie tombe, à la ligne. Sur mon cœur , à la ligne. Endormi, à la ligne». Nul, archi nul . Un conte alors : « il était une fois, un début d’histoire , pas de château, pas de prince , pas de princesse, pas d’enfant, le chaos… » encore raté. Autobio alors… née le 7 09 1966, paris 15 ème, sexe féminin . Pas envie de raconter ma vie. Roman : Ressortir mes carnets et relire tous mes débuts d’histoire. Peut-être que ça va venir… rien. 7h30 , le réveil sonne. Ça y est , c’est fini pour aujourd’hui. Ma deuxième journée commence. Je referme mon ordi. Mince j’ ai oublié de sauvegarder . On ne sait jamais…
J’aime beaucoup la justesse et la précision des images. L’atmosphère de matin d’automne me parle vraiment.
Merci , Aline . Au plaisir de te lire .
.. les ombres s’agitent…
Merci.
J’aime beaucoup la langue-morse des autres maisons ! Merci !