C’est le reflet dans la fenêtre. C’est mon reflet dans la fenêtre. J’apprends à me regarder en détournant le regard de tous les grands miroirs qui peuplent mon appartement, mais la fenêtre, je l’oublie. Je regarde à travers elle, les enfants dans la cour de l’école, les chiens dans le square, les passants qui jettent leurs bouteilles dans le grand conteneur et parfois dans un étrange mouvement, je croise mon reflet et dans les traits de cette femme, j’en vois d’autres. Ma mère et la sienne et d’autres femmes. Une femme triste. Il ne faut pas qu’elle voit que je la vois. Elle pourrait alors m’emmener avec elle sur des terres hostiles où je ne souhaite pas me rendre. Alors avec effort je dois de nouveau regarder à travers la fenêtre et jouer du regard pour voir à travers elle et ainsi ne pas voir à travers moi. Quand j’avais quinze ans, j’ai été à la foire avec des amis faire le Palais des Glaces et depuis ce jour je me sens au bord de moi-même face à toutes ces femmes que je ne suis pas et qui tentent d’attraper mon regard.
Bonjour Léa !
Que ce texte est dense, dense de tristesse. L’image de la vitre qui, à la fois est transparence et reflet, porte bien le propos de cette tristesse. Merci pour ce texte!
Merci Claudine pour cette belle remarque !
une tristesse mais une tendresse
et cette présence plus forte d’être fugace