#Anthologie #04 Avec arbre
1- Habiter une maison en construction, abandonnée, sans eau mais avec électricité toit porte et fenêtres, au creux d’un champ de bovins, lieu-dit nommé Crasse, à cause du brouillard.
2- Dormir dans une cabane recouverte de croûtes de pin, dalle de béton granuleux gris, enfouie dans les hélianthes jaunes, déferlement fracassant de l’orage sur le toit de tôle. Dormir n’est pas habiter. Habiter c’est cuisiner.
3- Un ailleurs mieux: ce serait haussmannien, pavillon mobile-home cabane dans les arbres ou yourte ou bien quoi ? Et puis quoi encore?
4- Habiter mieux ce serait habiter seul. Habiter mieux ce serait habiter à plusieurs. Ce serait bien d’habiter mieux.
5- Acheter une grande maison de pierre pour créer LA maison de famille avec accumulations d’objets, cave, grenier, traces des générations anciennes, friches de jardins , terrasse et potager. Revendre à la première génération par incapacité à créer ce qui n’a pas eu lieu.
6- Toutes les ruines sont des habitats potentiels.
Tous les habitats sont potentiellement des ruines.
Toutes les ruines sont des habitats potentiels.
7- Dans les rivières, nid de colverts. Tanières, terriers, grottes, fourmilières.
8- Habiter cette petite ville, le carillonneur pendant le marché, les cloches de la cathédrale, le klaxon du car ah ! c’est le car de 16h, les jardins les jardinets les pots de fleur sur les rebords de fenêtre, les vide-greniers, la citadelle et les chapelles, le couvent des Cordeliers, le cloître et ses concerts d’été, les gens calmes, les bouquinistes, les rassemblements, les illuminations, les manifs qui, faute d’un boulevard, font trois fois le tour de la place, le ciel à travers les platanes, le cimetière et ses cyprès taillés, la distance avec les métropoles, la distance avec la vie d’avant. Habiter tranquille : on croise les doigts disent-ils.
9- Cohabiter avec les fourmis charpentières les rats de grenier les geckos et les tégénaires noires.
10- J’ai consulté à la clinique. Un arbre était agité par le mistral devant la fenêtre. Les feuilles se tournaient et se retournaient : vert-tendre argenté, argenté vert-tendre, gris clair, vert- tendre, argenté. Les branches se courbaient, se redressaient, se ployaient, s’emmêlaient. J’ai pensé que je pourrai finir mes jours dans une chambre avec arbre, que ce serait réjouissant de regarder cet arbre pendant les heures précédent l’heure, encore une fois jouir d’habiter, que ce serait beaucoup, beaucoup plus facile, la dernière chambre, avec arbre.
riche bassin de vocabulaire, où repuiser dans les suivantes…
Merci, je prends note…
J’irais bien habiter cette petite ville à carillonneur, rebords de fenêtres, cyprès taillés, bureau de vote sous le préau de l’école où on va en sortant de l’église, je croiserais les doigts très très fort parce que les gens calmes m’effraient de plus en plus.
Merci Bernard pour la variation « bureau de vote, préau, église » !
A suivre pour ce qui est de la ville tranquille…