Arriver à l’avance | ouvrir la porte | en fait non, la pousser car demeurée entrebâillée, dévoilant une part de sol genre carrelage couleur indéfinissable sans fantaisies avec rainures – le même que celui du couloir – conduisant forcément vers le bureau qui ne sert qu’à poser cartable et documents à distribuer aux élèves à moins de choisir de tracer vers le fond à travers les tables en rang d’oignon | tout aussi bien s’arrêter devant le tableau couvert de signes de la dernière leçon que l’un d’entre eux effacera large dans un nuage de craie | regarder le tableau puis se retourner vers la salle sans âmes | imaginer, les imaginer eux, visages en attente, corps en torsion à cause des chaises sans confort se demandant combien de temps ça va durer, supporter, mais pour l’instant tous dehors à s’agiter rigoler se frotter se défier se provoquer | c’était arrivé une fois | passer en revue les murs et plafonds tandis que la rumeur commence à monter du dehors, puis ils arrivent en meute, c’est toujours la même histoire, supporter le poids de la meute, peser le manque de curiosité et la manipulation à l’intérieur des bandes avec les dominants à tête de mule qui font marrer les autres, autorisent à la désobéissance | c’était arrivé rien qu’une fois, un mouvement de main vers la joue parce que là c’était trop d’impertinence, mouvement stoppé en cours de route fort heureusement | s’en sortir par une pirouette, une parole conciliante | s’en sortir au terme de l’heure ou de la demi-journée et suivre le même chemin jusqu’à la porte entrebâillée | s’échapper | penser à démissionner | oublier la saleté des sols des murs des plafonds des tables des couloirs des fenêtres | refermer la porte derrière soi une fois pour toutes et emprunter la suite des couloirs jusqu’à la sortie
.. Aussi vif que le geste, inaccompli, qu’il décrit. Merci pour ce texte aussi court que percutant.
merci pour cet écho…, chère Eve
j’ai un peu bâclé, ce serait à reprendre mais j’ai trop peu de temps
et donc je vais avoir beaucoup de mal à suivre sur ce cycle quotidien mais j’irai vous découvrir dès que je le pourrais…
Merci pour votre texte qui m’a replongée dans mon ancien métier !
merci Anne
et oui, c’est venu comme ça, je me demandais bien quelle porte j’allais pousser, et j’avais tout à fait oublié !!
Une porte qui s’ouvre une porte qui se ferme et entre les deux la meute le geste suspendu et la pirouette. La tension est là. J’ai aimé » l’un d’entre eux effacera large dans un nuage de craie ». Merci Françoise
salut salut Gilda…
on n’avait pas « droit » aux adjectifs, mais j’ai estimé qu’il était spécial ce « large » ! presque un adverbe !