#anthologie #01 | Action

Rejoindre la manif. Départ 15h Place Jean Jaurès Lyon 7. Retrouvailles filiales. Elle, en métro. Rendez-vous derrière un certain camion avec des drapeaux. D’abord trouver une place de stationnement évitant les parcmètres. Le plus près possible. Angle rue des Trois pierres et rue Elie Rochette. Noter l’emplacement sur un bout de papier. Repérer le numéro d’immeuble pour ne pas partir à l’envers au retour. Mettre en veille le GPS. Présentation, collègues de l’IFRA et mères d’élèves. Des enfants profitant de l’ambiance et des épaules des grands.. Emboîter leurs pas avec prudence et enthousiasme. Douleurs de genou mais motivation collective. Doliprane dans la poche. Gourde et sac à dos. Heureusement, cortège limace. Des chants, des slogans. La routine. Rire et contester l’usage de la démocratie à des fins xénophobes et guerrières. Des inconnu.e.s en foule loin devant nous. Circuit préfectoral obligatoire.Surveillance CRS et flotille de camions de la Ville pour nettoyer derrière. L’avenue Jean-Jaurès avec ses séquelles de la dernière manif.Des panneaux d’aggloméré sur les vitrines cibles (symboles du système capitaliste).Des graffitis sur tout le parcours. Les libertaires habituels en mode défouloir. On se moque un peu. Le sérigraphe de la Croix-Rousse et sa petite charrette.Impression d’affiches anti-fascistes. Se faire alpaguer par une vieille femme dans le 6°: Qu’est ce que c’est que çà ? ( L’affiche). Répondre : oncle déporté… Pas vouloir recommencer. Pas le temps de convaincre. Dommage ! Tracer et croiser les effectifs municipaux du grand Lyon avec pinces -déchets et sacs poubelles. Prime du Dimanche et participation incognito au soulèvement du jour. En penser quelque chose ? Visages hilares. Pas trop de dégâts à ramasser cette fois. Cortège bon enfant. Y tenir. Des fonctionnaires et des ouvriers syndiqués, des retraité.e.s des partisans de gauche nouveau Front populaire dont les écologistes, des élus à cocarde. Apercevoir un maire un enfant dans les bras. Pancartes au feutre sur bouts de carton. Messages hétéroclites, humour parfois. Sur mon carton j’ai écrit NON ! des deux côtés ! Faire sourire. 10.000 participant.e.s. Galvanisation des intentions de vote. Faire le maximum pour éviter l’embrasement général. « Une grenade dans les jambes ».Commentaire du dirigeant sur sa dissolution surprise. Drôle de méthode ! Kamikase ! Blocage policier soft au bout de l’Avenue Jean -Jaurès au niveau de la place Lyautey. Rien à voir avec les assauts arroseurs,asphyxiants et éborgneurs des deux quinquénats. Avons évité cette fois la tête du cortège et les affrontements entre forces de l’ordre et les agités déguisés no-futur avec leur batte de base-ball, peu nombreux,mais anguilles. Pas question de cautionner. Leur jeunesse et leur radicalisation mettent à mal l’apaisement des esprits. On leur parle. On leur fait les gros yeux. Changer de méthode ? Fanfare autour de la Fontaine, la Dame perchée et ses angelots. De l’eau à nos moulins ? Neutres plutôt. A coeur joie. Entonner les refrains internationaux…Exalter le désaccord… Nommer l’adversaire du jour comme au stade. Pas trop s’y fier. Mais Marie dans la Fanfare ! Retrouvailles. S’embrasser. Jeunesse et pacifisme… Y croire… Entrer dans une épicerie 7/7. Acheter deux glaces en bâton. 18h. Les manger au bord de la fontaine. Papoter. Savourer le moment vécu. Retrouver la voiture. Ne pas trop s’illusionner. Attendre la suite… Voter et faire voter !  

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.

Un commentaire à propos de “#anthologie #01 | Action”

  1. « Nommer l’adversaire du jour comme au stade »
    C’est une bonne idée
    Cet adversaire dont on n’entend pas le nom sous les sifflets

    Ce recueil ethnographique permet de s’y voir