Je suis né une année bissextile qui commence un mardi. Pas seul, plus de 69 000, dans ce cas dans ce pays non choisi. Je ne suis en rien responsable de la dépression post-partum de ma mère. Le 12, un mardi, les documents disent que j’étais là. Je ne conteste pas. Mais je n’y suis pour rien. Le même jour, le 12 août, plus loin, ailleurs, treize intellectuels, membres du Comité juif antifasciste, sont fusillés à Moscou sur ordre de Beria dans la prison de la Loubianka. Je crois l’avoir déjà écrit quelque part. C’est inscrit dans ma mémoire même si je n’y suis pour rien. Naître, n’être, n’être rien. Et rien d’autre. A la peine à n’attendre rien, cela suffit.
Codicille : Se méfier des croyances du roman familial autant que des mensonges des récits nationaux interdit d’aller fouiller plus avant dans le moi, l’avant-moi, l’après-moi. Peut être aussi que j’attends toujours que l’on me rende mes objets transitionnels.
Ça c’est balancé! Envoyé ! Abrupt concret! Coupant! Merci Ugo
Ah les objets transitionnels, on ne s’y attend pas.
J’aime beaucoup le codicille , et le texte , net !
j’avoue que oui les objets transitionnels…
net mais avec sourires
« Je ne suis en rien responsable de la dépression post-partum de ma mère. » Ugo en nourrisson Ponce-Pilate, ça va pas légender longtemps…On voit mal le contexte, sinon un détachement précoce et véloce, et une certaine aversion pour les arbres généalogiques bavards.Un enfant sans hochet transitionnel est-il un enfant perdu pour la littérature ( même policière) ?
Moi non plus…
Merci Nathalie, Delphine, Annick, Brigitte, Marie-Thérèse, Jean-Marie de vos passages et de vos retours. Grands mercis aussi surtout de vos écritures dans cette anthologie qui me fait un peu peur.
Prends un grand couteau avec toi et un peu de charcuterie corse (partagée), ça devrait le faire… Je sais que quand il fait chaud, tu te mets en mode gecko…
Oui Marie-Thérèse, le mode gecko à ma préférence. La question est de savoir sous quelles latitudes l’on se trouve. Aux antipodes, les gecko parlent toutes les nuits. Sous les nôtres, les geckos sont mutiques. J’ai essayé d’en parler avec ceux et celles qui se promènent sur mes murs : ils gardent le silence.
…ah ces » rien » qui nous collent à la peau. En contre point de votre texte percutant de beauté à en pleurer, convoquer Devos ( Raymond) qui disait : « rien moins rien égal moins que rien, si on peut trouver moins que rien c’est que rien vaut déjà quelque chose ». Merci !
Moi, je vote pour ton codicille dans le marbre.
Merci pour votre texte, un petit côté kafkaïen dans « les documents disent que j’étais là. Je ne conteste pas. »