J’ai flotté. J’ai été balloté régulièrement, continuellement par les remugles et les remous. Fétu de paille. Je me suis nourri de l’énergie abondante et perpétuelle. J’ai dévoré, cannibale, la chrysalide. Entouré de toute part, baigné, immergé, noyé, absorbé par la contemplation du clair-obscur, j’ai été bercé par le martèlement lourd. J’ai été oreille d’or, attentif aux moindres vibrations. Je fus synchronisé aux palpitations originelles. J’ai coïncidé. J’ai été expulsé, dissocié, individualisé. J’ai été aspiré par le vide. J’ai aspiré du vide, d’un coup. J’ai été irradié, brulé à l’intérieur. J’ai hurlé. J’ai eu froid à l’extérieur. Pas longtemps. J’ai été aveuglé par le tranchant d’un néon. J’ai rencontré du solide. J’ai buté contre l’inconnu. J’ai senti une présence nouvelle. J’ai senti pour la première fois. Je me suis senti entouré. Je me suis réconforté aux sons des voix.
Gracia, Anh Mat, et toi, une formidable anthologie de textes de la vie dedans le ventre, et puis de de la naissance, l’expulsion dans le monde (et je suis loin d’avoir lu toutes les contributions, il y en a sans doute d’autres !). Ecriture-liquide écriture-sensations. Seule une écriture poétique peut atteindre ça, je me dis, en lisant vos textes. Merci !
« synchronisé aux palpitations originelles »…juste quelques mots qui m’embarquent loin très loin dans le temps et l’espace ou plus ailleurs encore. Merci !