avant je n’existe pas, un jour je commence, je minuscule, je divise, je sépare, je multiplie, je fabrique ma chair, je fabrique mes nerfs, je fabrique mon sang, je fabrique mon cerveau, je fabrique ma peau, je me fabrique, je frémis, j’ondule, je creuse un nid, je m’accroche, je pulse 150 battements de cœur par minute, je suis rêvée, je suis reliée, je pèse à peine, je flotte, je bourgeonne, je suis secouée, je tiens bon, je ne sais rien, je m’obstine, j’ignore, je me cramponne,
j’animale, je bats le sang, je garde le rythme, je bouche ouverte, je bois, je bois, je bois, je remplis le vide, je bois, je me remplis, je nage, je cabriole, je gambade, je me dessine nez, front, bouche, mains, pieds, je grossis, je bois, je pèse, je suis parlée, j’ouvre les ouïes, j’entends le bruit, je silence, je bois, je soulève les paupières, j’aperçois les lueurs, je déplie les doigts en éventail, je lisse les talons, je pointe les coudes, je me cogne, je repousse les bords, je bois toujours, je coups de pieds, je coups de coudes, je boxe, je me retourne, je tête en bas, serrée, compressée, poussée, je souffre, je suis expulsée, je crie,
je suis nommée, je suis pesée, je suis mesurée, j’écarquille les yeux, je suis regardée sous toutes les coutures, je suis commentée, je suis comparée, je ressemble, je dévore, je salis mes couches, je suis enrubannée, exhibée, je fais pousser mes cheveux c’est long, j’arrondis mon ventre, mes cuisses, mes bras, mes doigts, je creuse des fossettes dans les joues, je dors, je me réveille, je gazouille, je rêve, je me redresse, je titube, je marche, je désire, j’existe,
J’aime beaucoup, on sent toute la vie, l’action qu’on ne voit jamais in utero.
merci Perle pour votre passage.
je n’existe pas…j’existe. Déroulé comme un film, avec cet enchainement d’un seul bloc et la succession d’actions qui donne beaucoup de puissance au texte. Merci pour cette projection!
Merci pour ce retour !
La séquence de l’accouchement est particulièrement… motivante.
Françoise ,Merci pour ce texte , aux phrases simples originales et rythmées . des trouvailles stylistiques « je coup de coude, je bouche ouverte… »
Plein de vie ! Bain de jouvence, Bravo !
Le rythme des verbes comme s’ils battaient directement au creux des tempes. « j’animale » – vraiment, oui, et c’est très beau.
« je ne sais rien, je m’obstine »
c’est très fort ça !
ne rien savoir et s’obstiner… la vie quoi !
😉
La petite acrobate est un délice de joie et de liberté !
comme ça avance, pousse, bat, vit. Merci
Les battements d’une vie,comme ceux d’un coeur et ça décoiffe!
» je coups de pieds, je coups de coudes »: super.
oh je pense que vais en rester là pour ce soir
à cette merveilleuse énonciation en rythme de cet ouvrage incroyable qu’est naître et tout découvrir apprendre inventer
(suis toujours devant les bébés entre émerveillement et compassion/admiiration)
merci Brigitte !
J’aime comment les « je » et les « j' » (il y a en 89, j’ai compté) prennent lentement forme, deviennent un visage, un enfant. La vie. J’aime voir cette graine pousser. Merci Françoise.
Etre avec détermination, je m’obstine, je me cramponne à la vie, je suis nommée, j’existe !
Merci pour ce texte Françoise
C’est très percutant ce rythme. Je l’entends lu à la Laura Vazquez sur de la musique.