J’ai du naître,
J’ai du naître puisque je suis là. J’ai du naître mais je n’ai aucune réminiscence de cette naissance. J’ai du naître mais suis-je véritablement née ? J’ai du naître mais ai-je vécu ?
J’ai vécu,
J’ai vécu enfant mais je n’ai pas tout aimé. J’ai vécu avec des parents, des soeurs et des frères mais j’ai tout oublié. J’ai vécu mais étais-je réellement présente ? J’ai vécu mais je me demande encore qui était cette fille. J’ai vécu mais seuls quelques restes ont subsisté. J’ai vécu sans vivre. J’ai vécu sans savoir où j’allais. J’ai vécu avec un poids. J’ai vécu un peu morte. J’ai vécu avec le désir de mourir mais pas le courage. J’ai vécu en cherchant la porte de sortie, la lumière. Je l’ai trouvé.
Et je suis née,
Je suis née à moi-même. Je suis née à mon corps. Je suis née à mon visage. Je suis née à mon coeur. Je suis née à la douceur. Je suis née à l’espoir. Je suis née à l’avenir.
Et j’ai compris,
J’ai compris que j’existais. J’ai compris que j’avais le droit de vivre. J’ai compris que je pouvais grandir. J’ai compris que je n’étais pas mes parents. J’ai compris que je devais apprendre. J’ai compris que je devais rejeter ce qui m’avait été appris. J’ai compris que je devais m’émanciper. J’ai compris que je devais changer de peau. J’ai compris que je devais extraire tout ce que l’on m’avait inculqué. J’ai compris que je n’étais que le fruit des autres. J’ai compris qu’il me fallait me peler. J’ai compris qu’il me fallait être moi.
Et j’ai tout fait,
J’ai tout fait pour faire ce que j’avais à faire.
Mais ai-je réussi ?
Sauver sa peau ! « J’ai compris que je devais changer de peau. J’ai compris que je devais extraire tout ce que l’on m’avait inculqué. J’ai compris que je n’étais que le fruit des autres. J’ai compris qu’il me fallait me peler. « . Quelle belle mue dans l’écriture !
Merci Marie Thérèse, heureuse que tu sois passée par là.
Très émouvant chemin.
Merci Nathalie, à vite.
.. les pelures d’oignon, on a l’impression parfois que c’est sans fin. Merci pour ces mots, nus, crus. Lumineux.
Il y a quelque chose d’universel dans votre texte qui engendre forcément la complicité ! Et on se sent bienvenue dans cette rébellion !