…, et c’est ainsi que, là sous l’escalier qui conduirait aux chambres, mon pied s’est posé sur une étrangeté du sol, suscitant un son creux, caverneux, avec une sensation éprouvée sous la plante des pieds qui laissait imaginer que le sol pouvait, à tout instant se dérober. Mon pied venait de ressentir la trappe. À bien écouter, il semblait que des bruits d’eau pouvaient provenir de là, comme lorsque enfant, on plaçait un coquillage sur l’oreille et que l’on nous disait que l’on entendrait la mer. Mais là nul besoin de coquillage, mais une sensation d’eau courante ou de murmures. Sous le masque d’un plancher en bois, un océan d’images. Il n’y avait d’autre choix que d’aller voir, pour ne plus entendre. Je ne saurais dire comment cette trappe s’ouvrit. Mais la noirceur qui en jaillit réclama de mon corps une forme de paralysie. Peu à peu ma vue apprivoisa l’obscurité et reconnut quelques marches d’escalier. Pas de panthère, de lion ou de louve maléfiques. Et j’aurais bien espéré la main tendue d’un Virgile. Mais rien de tout cela. Je restai sur la première marche, braquant la lumière incertaine de mon téléphone sur le bas de l »escalier, puis furetant sur un bout du mur de pierres, pour se fixer sur des inscriptions, une sorte de peinture blanche: une croix, une croix gammée. Alors je descendis.
7 commentaires à propos de “#anthologie #08 | la forêt obscure”
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Très beau texte, encore. J’aime particulièrement cette phrase: « Mais la noirceur qui en jaillit réclama de mon corps une forme de paralysie »
« Sous le masque d’un plancher en bois, un océan d’images. »
Et l’imagination galope…
J’aime ce texte. La façon dont les sensations s’expriment le bruit entendu comme dans le coquillage, l océan d’images. » Il n’y avait d’autre choix que d’aller voir, pour ne plus entendre ».
On est amené à attendre la suite de xette histoire mystérieuse. Cette croix gammée ? Mais pourquoi est-elle là ?
Le titre laissait présager suite au 7, mais non, ou indirecte ? C’est très ce son, ce murmure. Et la trappe est un élément qui frappe, elle est là l’ouverture à l’imagination pour moi
Oui, une porte qui s’ouvre sur l’imagination avec tant de choses en suspens. Belle déclinaison du mystère. Merci Solange.
il y a de l’enfance dans cet escalier qui descend sous la terre, dans cette trappe qu’on hésite à ouvrir
et on vibre avec toi
» Et j’aurais bien espéré la main tendue d’un Virgile »
Cette phrase est hilarante (pour moi en tout cas) … les escaliers toujours un mystère qui éveille l’imaginaire, joli