#anthologie #07 | Le couloir d’écriture

Les prédateurs ont une faculté précieuse, un champ de vision étroit, cela leur permet de suivre une seule proie. Quand il arrive dans la pièce sombre, que de temps en temps une ombre se déplace au plafond, animé par des phares lointains des véhicules, il a devant lui un rectangle sombre, sa main connaît l’endroit où il faut appuyer opère. L’écran s’allume. Il navigue quelques instants, se perdant dans des contrées inutiles, puis il plonge dans la page noire. Alors le monde se réduit à quelques dizaines de centimètres de largeur et à une surface sombre. La lumière silencieuse de l’écran attend. À chaque caractère qu’il ajoute, le blanc gagne sur la nuit, alors il progresse vite par battement. Pour respirer, il tourne la tête vers la fenêtre, il voit les arbres noirs et quelques fois une ombre fragile, il la suit des yeux, inquiet. La lumière grise de l’aube arrive, l’heure où les proies et les prédateurs vont se cacher. Le temps des humains approche. Le couloir s’élargira.

A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

Un commentaire à propos de “#anthologie #07 | Le couloir d’écriture”

  1. « À chaque caractère qu’il ajoute, le blanc gagne sur la nuit, alors il progresse vite par battement »
    Merc Laurent pour cette phrase qui éclaire de toute sa lumière ce couloir de l’écriture. Un très beau texte.
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