Pour écrire un livre, allez fouiller, fouiller profond, dans une terre grasse et pleine d’escargots, travaillez, prenez de la peine, un trésor est caché dedans, tu commences et puis tu continues, tu continues tu conti… je peux multiplier les citations, vous dénicherez les auteurs. Laissez-vous aller, laissez-vous trépaner sans douleur, allongez-vous sur un divan sans jamais voir celui qui, de temps en temps, au gré du discours incohérent va tirer le fil conducteur – le livre au bout ? non, le livre est le fil lui-même avec ses lignes droites qu’on pourrait enrouler sur une bobine ou tricotiner par son trou « odradek, odradek » ! ; avec ses nœuds qu’il faudra démêler, ou laisser tels quels, pour qu’ils vous embarquent soudain vers des rivages inattendus, de la gare du Nord à Lisbonne en passant par Montluçon, du port de Sète à Göteborg via St Germain-en-Laye. Lancez-vous dans un prologue, naissance du texte à venir, ne pensez à rien – vous êtes en train de naître à l’écriture – les mots vous manquent, mais les sons, odeurs, touchers, sensations de faim, douleur, plaisir sont déjà là, roucoulez avec vos propres phonèmes ; d’autres vous diront les mots à imiter, sans doute, à inventer quand ils font défaut, entrez petit à petit dans la terre grasse de votre mémoire. Un jour vous lirez les auteurs des citations que vous aimez déjà ; imitez, imitez sans cesse, jusqu’à la saturation, elle vous donnera le signal de l’indépendance, la Grândola des Capitaines d’Avril, Les sanglots longs des violons de l’automne de votre liberté. Vous débarquerez enfin de l’océan des possibles au Port Soudan de votre imaginaire, qu’un Waterman plume or puis un Mc Intosh couchera sur le papier ; vous le reconnaîtrez immédiatement, c’est le LIVRE.
tout à fait, oui Jean-Marie :*))