#anthologie #40bis | Un pavé dans la mare

C’est un livre en plusieurs volumes. Trente-neuf ou quarante probablement. Ou un livre entier gros, très gros, il faudrait une brouette pour le transporter. Fruit de la mise sous cloche d’une bande de plus d’une centaine d’individus pendant un étrange été d’une année qui l’était tout autant mais là n’est pas le propos. Il faudrait un ouvrage à lui tout seul pour résumer et ne même pas développer les évènements qui s’y sont déroulés, évènements graves sans aucune possibilité de rivalité entre eux sur une échelle de valeur tant ils ont tous dépassé le dernier barreau du baromètre qui en a explosé de frayeur et a préféré se rendre plutôt que continuer de donner la mesure des horreurs de ce monde. Une mise sous cloche comme on fait maintenant, chacun, chacune chez soi, mais toutes et tous en lien, jour et nuit avec les écrits des uns et des autres au fur et à mesure de leur mise à nu sur un écran partagé. Cent sept exactement, d’âge très différent, écrivant, quel que soit leur nationalité ou origine, en français. Avec, ouvrant la marche chaque matin, un décideur du pourquoi et du comment, oeuvrant tel un chef d’orchestre, un sonneur de cloches au quotidien, un délivreur franco de port de consignes et de recommandations, vives, pas de la guimauve, un instigateur d’imagination débordante, d’audace époustouflante, un propulseur d’idées géniales et de tonalités subtiles, un éveilleur aux œuvres d’artistes pour certains méconnues ou inconnues, invisibilisées, ignorées. Il faut imaginer la tâche quotidienne de ces travailleurs de force des lettres et des mots. Chaque jour s’atteler à écouter et lire ce qui s’est joué pendant la nuit et aussi depuis des décennies dans la tête de l’organisateur. Puis, laisser macérer, réécouter parfois pour bien saisir le propos et la demande, relire aussi souvent que nécessaire les documents choisis, triés, copiés, transmis par ce révélateur de talents déjà là, ou cachés, tapis dans un coin de campagne ou en plein centre-ville. Un marcheur éclaireur et aussi lecteur assidu au quotidien de tous les écrits déposés de jour comme de nuit sur la grande toile blanche dressée pour la circonstance, et qui, nourri des fruits frais tombés de l’arbre revenait planter de nouvelles graines. De cette aventure nommée Anthologie, sont nés, ont jailli, plus de deux mille textes brefs ou fort longs, fragments, bouts de ficelle de vérités et fictions déjantées, mots ciselés, taillés dans le vif et l’inconfort, catalyseurs de joies et de souvenirs, à partir de trente-neuf propositions différentes de direction d’écriture. Qui a décidé de les rassembler dans cet énorme pavé jeté avec rire et dérision entremêlés dans la mare de la littérature, et dont on entendra parler dans au moins mille ans pas une année de moins ? On ne sait plus, on ne sait pas vraiment qui a écrit quoi, mais c’est là, comme un cadeau. Unique et ouvert grand sur l’universel. Sacrément « Bon. François Bon »
 
 

A propos de Eve F.

Rédige des assignations et des conclusions, défend le veuf et l'orpheline, écrit sur le Droit et son envers, la Justice et ses travers, le bien-être et son contraire, les hommes et pas que, le bruit du monde et ses silences, aussi.

9 commentaires à propos de “#anthologie #40bis | Un pavé dans la mare”

  1. Il faudrait une brouette pour le transporter, j’aime beaucoup cette image. Oui, c’est cela ce livre collectif de nous toutes et tous, ces mots qui s’entremêlent et ouverts à la lecture. Merci Eve, à bientôt.

  2. le livre existe déjà dans nos corps, dans nos têtes… comme chacune des aventures vécues avec le collectif TL…
    merci Eve pour l’avoir dit
    merci pour l’enthousiasme, le jaillissement, la diversité, tout ça réuni…

  3. Lu la totalité de ton pdf, impossible de faire un retour précis tant ce témoignage de notre humanité partagée est dense, riche,précis, parfois drôle, solide, souvent émouvant. Merci beaucoup Eve pour ces textes et tout ce qui y est dit. Merci à F.B. pour avoir rendu cette écriture et cette rencontre possible.

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