L’auteur, aucune importance. Il ne le devint pas, jamais. Passeur, scripteur de la parole des autres, de la sienne parfois. Rien de plus et sans prétention, ni exigence. C’est pour cette modestie un peu feinte qu’il s’interdit d’ouvrir les deux petites valises en carton qui lui avaient été confiées il y a bientôt plus de vingt ans.
Max le pupille de la nation, l’épouse de Max, grande bourgeoise algéroise, la belle-sœur de Max dont le jeune Camus avait été amoureux, les deux filles de Max. Il savait tout ce qu’il ne savait pas sans avoir à ouvrir les deux petites valises en carton. Et puis tout ce qu’il aurait découvert d’absences, de vides, de mémoires perdues si…
Le livre dont il est incapable est un livre impossible où les dits et les non-dits de sa propre vie se compliquent du clair et de l’obscur de toutes celles et de tous ceux qu’il a rencontrés.
Quoiqu’elles puissent contenir, les deux petites valises en carton sont pour lui comme des bouteilles jetées à la mer. Et si l’ouverture de l’une d’elles libère une cruelle méduse ou les voix d’aquatiques sorcières ? Il n’a pas le temps de prendre le large, ni de rejoindre la plage.
C’est beau cette histoire de livre impossible
Merci Perle. Ce que j’aime dans l’impossible, c’est qu’on n’y est pas tenu.
voilà, c’est clair.
Merci Philippe de passer encore. Clair-obscur, oui. Façon pirouette. Ton grand 40 est fabuleusement géant. Bravo.
…. on ne sait jamais ce qu’il y a dans une bouteille à la mer… avant de l’ouvrir.. comme dans une bouteille de bon vin… alors on tente… toujours tenter… se laisser tenter… merci à toi pour ces textes bavards avec une incroyable économie de mots… un art majeur!!
Un passeur a dit l’auteur… il se peut qu’un courant dépose les valises sur un rivage inconnu de l’auteur ( le contenu des valises ne lui appartient plus)… Merci Ugo pour ces 39 textes qui ne sont pas des cailloux dans l’eau mais le dessin d’un chemin
J’aime la modestie un peu feinte, le prénom dynamique et sonnant clair de Max, le clair et l’obscur ainsi que la cruelle méduse: avec cette petite liste, il y a de quoi faire un 41. Ou pas! Merci pour le partage de cet été d’écriture.
on n’y est pas tenu… mais quelle tentation d’ouvrir la valise quand n’y a ni temps d’échapper au contenu ni refuge accessible
Merci Brigitte, Valérie, Nathalie, Eve. Vos passages et retour encouragent mes économies de mots. Mais je n’ouvrirai pas les bouteilles à la mer. Grands mercis surtout de toutes vos écritures durant cette traversée du 40 eme parallèle dans le labyrinthe des mots.