# anthologie #40 | (j’ai oublié)

L’auteur qui est-ce ?
Dans le réduit, les deux types – dans l’appartement, deux autres puis encore un troisième – le reste du monde ou les deux autres lors de l’explication de la prise de décision (ces deux-là portent les messages tout au long du rapt – neuf fois (à recenser) – voire même les prisonniers qui sont en procès dans le même temps) – un narrateur
on y va à reculons, on essaye de se mettre à la place de celui-là de celle-ci – quand est édictée la manière, la façon, le pli le point la focale toutes ces choses assez imparfaites et suffisamment floues pour s’y perdre, on se lance un peu : on regarde un peu derrière soi, on fait avancer l’intrigue qui n’en est pas une dans ce cas mais bien d’autres pistes ont été abandonnées, il faudra ou il faudrait y revenir : mais pourquoi faire ? Pour quoi en faire ? On est en août et ce mois est celui où, mais ça n’a servi à rien nous disent les arguments émis ensuite, on fit exploser sur le Japon et ses kamikazes, ses hikikomoris et ses geishas son empereurs ses sushis une bombe puis une autre – pour en finir avec les guerres ? Toutes les guerres du monde. Ici on parle d’une certaine forme, qui se trouve être qualifiée de civile et de basse intensité (ce dernier phénomène ne (me) semble pas avoir été employé dans les années qui suivirent) (je ne sais pas où je vais, j’écris : est-ce un état second ? Armé d’un clavier, d’électricité, d’une espèce de conscience et d’un savoir ancien acquis sur le tas – l’orthographe et sa grammaire, la syntaxe, le lexique et toutes ces choses abstraites qui servent à se faire comprendre – j’écris – je me dois d’être armé – j’écris, j’écris pour que ça se lise, je fais ici partie d’une communauté (j’agonis ce terme mais je l’emploie, comme assez souvent ) – il faut y croire pour qu’elle existe mais justement la foi est une des pistes, un des chemins, thèmes impasses leitmotiv moteurs une des volontés qui portent vers quelque chose ici et même avec cette réticence vis à vis de tout groupement je ne peux pas nier (et pourquoi le ferais-je?) la force d’entraînement et d’émulation ressentie par là, et le plaisir qui en est aussi un atout – qu’en faire ? Quelque chose de rond de carré de cubique de sphérique à quelques dimensions une forme géométrique belle avenante attirante (il convient de donner envie au lectorat afin qu’il se procure (au plus vite?) le résultat du dernier opus qui au fil des jours et des années deviendra une œuvre couronnée par un prix – un prix oui – on aura affublé attribué inscrit imprimé sur quelque chose comme une couverture (un plaid, un truc qui tient chaud sous lequel se dissimule quelque chose) (ou quelqu’un) un international standard book number (on aura gardé pour ce faire le langage courant) puis un code-barre (« je ne suis pas un numéro » disait un héros de feuilleton (on n’employait pas alors le terme de « série » qui était réservé aux objets produits en – il existe une discipline, un champ un horizon une étendue un panorama, une spécialité mathématiques qui s’empare de ce terme aussi bien pour en faire une théorie, terme qui d’ailleurs prend le même sens que série dans certain cas) j’ai dévié pardon : d’ailleurs ce type, ce héros, beau mec (blanc, certes, hetero probablement, anglo-saxon : la télé…) (il conduisait une Lotus Sept – une décapotable dotée d’un moteur pointu – un modèle à construire soi-même disait alors l’achalandement la publicité le battage l’information) plein d’allant et fort de sa certitude le type n’était pas nommé (ceux – et celles qui savaient savaient qu’il se nommait Drake, John Drake – ce qui veut dire, dans le langage courant – dominant – supérieur – canard) – on pourrait (et ça a été fait magistralement – suivez mon regard) en faire tout un livre – un objet fini, une ambition, l’objet le plus parfait du monde selon certaines sources – tiens j’ai dévié – fermons la parenthèse) une communauté disais-je, ou écrivis-je, formée d’individus (on peut dire d’acteurs) (actrices alors n’aurait pas le même sens, même si elles sont plus nombreuses qu’eux) qui chacun à son rythme et chacune au sien envisage de fournir ici chaque matin ou plus un texte lequel sera lu commenté au mieux avec bienveillance humour sans trop de sarcasmes complaisances critiques – on en parlera en réunion car on se réunira, au café, chez l’une ou l’autre, en zoum* et on décidera alors ou pas de continuer – d’abandonner – de poursuivre – de prendre reprendre retenter ce chemin ou cette autre voie, un autre envol si on se veut volatile comme le sont, très justement, ces objets si parfaits – il faudra trouver une maison qui veuille bien, dans son immense mansuétude et sa plus parfaite préscience pénétration connaissance du marché, veuille bien disais-je se charger de mettre en forme, corriger (lire si possible) l’ouvrage l’ouvroir jamais clos l’œuvre la création le texte enfin qu’on lui proposera avec toute l’humilité nécessaire – par la poste – par mail – comme on peut – il me faut tenter de faire taire le cynique, le fat, le fourbe éconduit qui a jeté aux orties ses oripeaux d’auteur (ça fait beaucoup) et revenir sans doute à présent à ce cher président qui, lui aussi, de même, a jeté ses habits de futur plus haut magistrat du pays dans le fossé des trahisons, qui lui aussi ne cessait pas d’écrire tous les matins, cinquante-cinq jours durant – ici nous en étions à quarante (comme au déluge, hein) mais ce n’est pas fini – pour finir dans le coffre d’une automobile – mais nous n’en aurons jamais fini – j’ai découvert alors, dans quelque document dont l’image subsiste (pour combien de temps ?) à la fin de la trente-neuvième étape mienne, qu’un type avait entrepris la même chose que moi – dans son style sans doute (il est historien, à Padoue il me semble) – nous sommes très nombreux à nous exercer sur ce sujet, ce thème, ce chemin, cette voie : les bras ne m’en sont guère tombés (comme on dit) mais je me suis dit que je devrais le traduire ce qui me permettrait certainement d’acquérir des notions plus élaborées dans cette langue-là que je ne pratique que mal (j’en connais assez bien la musique mais moins les paroles) ainsi que dans le compartiment documentation de ce travail entrepris je ne sais comment (je vais chercher, ne t’inquiète pas), il y a fort longtemps – j’ai commencé par une douche (mais le président n’en disposait pas – on lui portait chaque matin (Prospero s’en chargeait) une cuvette et de l’eau tiède et un gant dit de toilette afin qu’il procède à ses ablutions – je pourrais en profiter pour en faire un rêve qu’est-ce t’en penses?), je me souviens, j’en termine parfaitement provisoirement sans doute ici

(*) : je n’y participe pas par timidité d’abord – mais aussi (entre autres) parce qu’ils m’indiquent trop clairement la position occupée lors du premier confinement (tu vois de quoi je parle ? ) – cette manière d’entreprendre « quoi qu’il en coûte » tu te souviens ce sont les mots mêmes d’un autre président – nous sommes en guerre psalmodiait-il tel un ânon – un autre disait qu’il fallait pavoiser de drapeaux les fenêtres du pays – après le treize du mois de novembre quinze – il s’agissait alors de profession, mais je ne suis pas un professionnel, comme zézéyait le solitaire de Rohl (Jean-Luc Godard qui, avec un certain panache termina d’ici sa présence – je ne le hais point) (mais point non plus le vénère) et faisait dire à son héros alors que la fiancée dudit héros geignait « qu’est-ce que je peux faire j’sais pas quoi faire » Ferdinand (alias Pierrot le fou) ou plutôt faisait crier « Silence j’écris ! »

Les textes trouvés arbitrairement, d’ailleurs, je ne les ai pas numérotés, mais c’est assez paginé (la trente augmentée) et
il faudra réunir le reste – certains n’iront pas dans la composition de ce que je ne sais trop nommer, mais rejoindre, comme celui-ci, une espèce de tiroir (nommé dossier) sur le bureau en attendant d’être repris si possible si dieu veut comme disait ma grand-mère (paternelle) (que j’aime toujours) (mais moins (bien que tout autant) que l’autre, maternelle, à laquelle – mais je ne la vois pas lire – pas du tout – je crois qu’elle savait, mais je pense que, par exemple, sa mère : non – ce texte et l’autre, de ce président, sera dédié) (à Malou, donc ce texte au moins)

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

4 commentaires à propos de “# anthologie #40 | (j’ai oublié)”

  1. ….Ah merci quel délectation de lire ce texte un lundi matin où il va falloir ne plus attendre avec impatience ou angoisse ( le mot est fort?) une « consigne » et faire ( quoi?) avec ce paquet de feuilles de papier ou ce fichier d’ordinateur… Merci à toi.. j’irai me promener vers tes écrits « pendantleweekend » …

  2. « je ne sais pas où je vais, j’écris : est-ce un état second ? Armé d’un clavier, d’électricité, d’une espèce de conscience et d’un savoir ancien acquis sur le tas – l’orthographe et sa grammaire, la syntaxe, le lexique et toutes ces choses abstraites qui servent à se faire comprendre – j’écris – je me dois d’être armé – j’écris, j’écris pour que ça se lise,  »
    Il se trouve qu’on a pu lire des pages de ce livre ici, des pages liées à d’autres plus anciennes dont on ne sait rien; on a eu l’impression de le voir ce livre et « du coup » on l’attend ce livre ( ce serait vraiment dommage de laisser dormir ces pages ).

  3. peux plus trop faire ai semé ms armes surtout yeux face à l’écran mais en prenant temps peux arriver à glisser mon nez dans le dossier… et vous remercier

  4. et ta faconde qui nous prend, nous soulève… comme toujours dirais-je
    tu as l’art de nous perdre dans tes lacis d’histoires et tes références et de nous retenir fort en même temps
    merci pour cet univers, cher Piero
    « cette autre voie », et tu parles aussi d’envol…