#anthologie #04 | Habiter

1. Vivre dans un pavillon, genre maison Phénix, sortie de terre en un mois, livrée clé en main, cela m’a toujours fait rêver. Je m’imagine l’habiter avec un homme que j’aime et qui m’aime, tous les deux exhaltés et heureux de vivre ensemble les 32850 jours qui nous restent.

2. Un appartement de 42m² et la première fois que je vis seule. Seule sans mes parents, sans mes frères et sœur, seule sans savoir cuisiner une autre purée que la Mousseline, seule sans animaux, seule sans souvenir, sans joie, sans peine, vécus dans ces 42m² que je ne connais pas, seule sans rien connaître du quartier alentour, seule sans l’odeur particulière : jasmin et pipi de chat, de la maison familiale mais seule avec mon vide empli de : désirs, peurs, déterminations, espoirs, terreurs, joies

3. Sur une péniche à quai sur l’ile de la Bartelasse. Chacun.e de nous a son endroit pour dormir et installer ses affaires. Dans la cale et sur le pont des espaces sont aménagés pour que nous puissions répéter, filmer, chanter, préparer le spectacle que nous jouerons en navigation. Les spectateurs embarqués avec Shakespeare et nous, pour quelques heures. Pas peur de la Tempêtequ’elle roule, gronde, tonne. Penichard.e.s pour un été

4. Habiter c’est aussi se séparer ?

5. A la manière de Claire Beaudoux descendre dans la cave abandonnée de l’appartement qu’elle vient d’acquérir. Scier le verrou, découvrir rangée empaquetée dans des cartons, la vie de Madeleine (l’ancienne habitante) objets, photographies, lettres. S’y plonger, explorer, en faire l’inventaire, et consigner journellement tweet par tweet l’état de ses découvertes. Se perdre dans un fascinant puzzle de souvenirs, voyager de petites boites en valises emplies de documents et confondre un temps sa vie et la sienne. Réaliser pendant deux ans un feuilleton « Madeleine Project » composé de photos-tweets. Ce tweet documentaire deviendra un livre publié aux éditions du sous-sol et ce n’est pas une blague.

6. Le terrier, la bauge, l’étable, la soue, la tanière, l’écurie, la stalle, le nid, les fonds sous marins, l’océan, la rivière, la forêt, la montagne, la prairie, la volière, le chenil, l’étang, la ménagerie, la savane, le désert, la ferme, la bergerie, l’asinerie, le bouvril, le vivarium, l’aquarium, le toril, le gîte, la niche, la grotte, habiter, même en rêve, avec un animal !

7. Son fils ne lui laisse plus mettre les pieds dans sa propre maison. Conséquence : Yves, 78 ans, a passé 600 nuits à dormir dans sa voiture, au vu et su de tous.

Depuis septembre 2023, Sébastien, 46 ans, vit dans sa voiture près du port de La Suze-sur-Sarthe. Après avoir perdu son travail, il n’a plus été en mesure de payer son loyer. Sur place, plusieurs habitants se montrent solidaires.

Depuis une semaine, Mr. L et sa conjointe Mme M vivent dans leur véhicule, avec leurs deux chiens de 5 ans et 6 ans, Bébé et Titi d’amour. Leurs repas, ce sont principalement des toasts au beurre d’arachide ces derniers jours. Pour se laver, ils ont loué une petite chambre de motel à Montréal pour deux nuits qui leur coûte 300$. «Faut bien qu’on se lave de temps en temps, alors je paie de ma poche. Mais je ne suis pas riche! On ne peut pas rester ici», dit celui qui travaille dans «une presse de linge», en gardant malgré tout le sourire

8. Dans les faubourgs de Noyers, 8 rue de la Gare, tu avais une petit maison où j’aimais passer du temps, où il faisait bon vivre, mon lieu idéal pour manger, dormir, travailler, faire l’amour, lire au coin du feu, écouter les oiseaux nichés dans les arbres centenaires de la propriété voisine, me laver, jouer du violoncelle, écrire, filmer nos habitudes, écouter tes cassettes enregistrées dans les années 80, danser sur tes CD achetés dans les années 90, faire des mots fléchés, te regarder bricoler. Dans les faubourgs de Noyers, 8 rue de la Gare.

9. Le verbe habiter est du premier groupe. Le verbe habiter se conjugue avec l’auxiliaire avoir. Traduction anglaise : to dwell; to live

10. Dans ma maison vous viendrez  
D’ailleurs ce n’est pas ma maison  
Je ne sais pas à qui elle est  
Je suis entré comme ça un jour  
Il n’y avait personne  
Seulement des piments rouges accrochés au mur blanc  
Je suis resté longtemps dans cette maison  
Personne n’est venu  
Mais tous les jours et tous les jours  
Je vous ai attendu (J.Prévert)

A propos de Cécile Bouillot

Bonjour je suis comédienne. Je développe également des projets vidéos dans lesquels je filme les gens autour d'une même question. J'écris des poèmes de rue a partir de phrases récoltées dans la rue, j'aime m'amuser avec différents jeux d'écriture, j'écris régulièrement depuis deux ans. Acte 2 Scène 2. Chaine Youtube : https://www.youtube.com/user/cecilebouillot

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