Jardins botaniques
Celui du Bronx, découvert sous une froide pluie automnale. Au centre, un bois resté vierge souvenir de l’ancienne forêt qui recouvrait la ville de New York avant l’arrivée des colons. Je me souviens des rapides de la Bronx River. Je m’étais acheté à la boutique du musée un tee-shirt figurant un magnifique artichaut (Artichoke) dessiné à la plume.
Celui de Singapour, fameux pour sa collection d’orchidées. J’ai appris que les orchidées, loin d’être ces fleurs sophistiquées qu’on offre en pot en guise de cadeau étaient en fait une grande famille comptant des dizaines de milliers d’espèce et de genre. J’ai appris aussi le mot épiphyte. Je me souviens aussi du tigre qui s’était jeté avec férocité contre une épaisse paroi de verre mais c’était ailleurs en fait, la nuit au zoo.
Celui de Nice, paumé du côté de la Lanterne. J’étais seule à chaque fois que j’y suis allée. Il faut dire que le jardin ne vaut que sa collection des sauges, des plantes grises et duveteuses très communes par ici.
Celui de Berlin dont je n’ai rien vu car épuisée par les longues marches dans la ville, j’y ai fait une grande sieste de plusieurs heures sous les arbres et me suis réveillée à la fermeture.
Celui de Cap Town dont la flore avait une apparence à la fois familière et étrange, comme un biome méditerranéen exilé depuis des millénaires en terre australe.
Celui de Shanghai, très éloigné à l’ouest de la ville au milieu des tours d’habitation, surchargé comme une pièce montée de roses et de chrysanthèmes outrageusement gonflés à l’engrais.
Celui de Grasse, dédié aux plantes à parfums. J’y ai lu le texte de « 99 parfums », les deux pieds plantés dans les plants de jasmin.
Celui du grand hôtel du Cap Ferrat et la plongé prodigieuse vers la mer, enveloppé dans l’odeur céleste des citronniers en fleurs.
Le jardin planétaire est un concept créé en 1992 par le paysagiste français Gilles Clément pour signifier que la Terre est comme le jardin, fini et arpentable. Que l’Homme, en bon jardinier, doit ménager.