#anthologie #39 | images







Des histoires, toujours des histoires. Des trucs de vieux. On ferait mieux de s’intéresser à d’autres choses, (des faits sociaux totaux par exemple) les jeux, le pain, les morts, les vivants, la joie, les otages, les enfants morts sous les bombes. On ferait mieux de regarder devant soi, le ciel qui brûle comme au Canada – la terre, le feu, l’air la misère. L’or, l’argent, le bronze. Et l’eau. Les images, oui, beaucoup : il y a sur le bureau (je récapitule) un dossier (c’est comme pour une chaise, on s’appuie dessus, c’est le dos qui porte c’est pour ça – « tu peux te l’appuyer » est une façon grossière de parler de quelque chose sur laquelle tu ne peux compter, cependant – c’est une façon de parler qu’employait Michel Audiard, par exemple pour Jean Gabin et ses rôles – comme quoi : le premier cachetonnait à l’immonde Je suis partout tandis que l’autre servait dans l’armée alliée – les temps changent, l’histoire est un truc de vieux) un dossier donc qui porte le nom de « carnet d’atelier » (il est temps de rétrospectiver et de regarder un peu derrière soi, au numéro trente neuf même si ça n’a aucun rapport – ça a toujours un rapport, c’est pourquoi la domination s’exerce – d’ailleurs, par ailleurs, d’un autre point de vue, ou d’une autre perspective, voyant les choses d’un autre œil ou les appréciant différemment, l’autre (petit a) disait tout court « il n’y a pas de rapport sexuel » – ça n’existe pas, ce n’est pas dans un rapport, c’est dans un complément – il y a cette façon parfaitement contemporaine (crois-je croire dans mon infinie solitude) de se trouver « décomplexé » quand on parle de l’intime (notamment du ou des sexes, du ou des genres), des choses qui ne se partagent qu’à deux – cette façon aussi d’enjamber les tabous qui n’existent plus comme dieu, et qu’alors tout est permis, ce genre de truismes et de fadaises qui éloignent l’éthique d’un pet dédaigneux ou discourtois : parfaitement contemporaine cette manière de recourir à la flatulence, donc, intime s’il en est – dans ce dossier, donc, s’en trouvent un certain nombre d’autres (trente-et-un soyons précis) augmentés d’autres fichiers (cent quatre vingt dix-huit aujourd’hui, mais je n’en ai pas rangé encore d’autres qui se trouvent dans le téléphone ou dans le dossier « capture d’écran » automatiquement créé par la machine (qui lui en comptent respectivement quatre (dossiers, tu suis oui ? ) et sept cent cinquante-deux (images) – ah oui quand même…) qui attendent d’être classés, mis (implémentés, intégrés, ajoutés, additionnés, rangés, posés, disposés et prédisposés) dans les dossiers, lesquels sont intitulés de façon à ce que je puisse retrouver sans trop chercher la photo d’untel (disons Max von Sydow) ou l’image représentant cette plage-çi (taleur dans le journal) ou ce coin de rue là (ici l’image du 209 rue Saint-Maur automatiquement réalisée alors qu’en sort un acteur (en l’occurrence une actrice)


recherchée pour la raison que je lis le livre éponyme de Ruth Z. (« éponyme » j’agonis mais j’emploie) (j’en étais, à ce moment où voyant sur l’autre trottoir une boite aux lettres surmontée cependant d’une petite œuvre exposée de B2TS (ceci est un mot-clé du journal que j’ai entrepris en septembre quinze, crois-je me souvenir, à la suite de celui mis en place en novembre sept ici même – non, non pas ici même, ici même en est une extension disons) je m’apprêtai à traverser tout en faisant une image du 210 de cette même rue

(j’avais faux : c’est au 209 que se déroule le livre) (magnifique soit dit en passant) car j’avais dans l’idée d’en illustrer un billet de maison[s]témoin (j’ai, ainsi, un certain nombre de buts dans la déambulation : salons de coiffure, enseignes opticiennes, b2ts donc, immeubles ici là ailleurs, villes passages, traverses, ponts (je me souviens de l’Euxin), découvertes, boites aux lettres redonc, plaques (il en est une sur le 209 que je dois aller photographier qui, apparemment n’existait pas lors de l’enquête menée par l’auteure), lions, hôtels, lieux de cinéma ou de MM et j’en passe parce que l’énonciation a ceci de particulier qu’elle fatigue) laquelle maison fait aussi partie de cette économie écologie éco-système mis en place sans le (ou la) moindre ordre vergogne ou prémonition sur ce réseau afin d’y laisser (tout en sachant parfaitement l’innocuité de la chose) une espèce de marque (comme il en est des images), ou de sillon trace cicatrice passage ornière empreinte impression estimation sentiment attachement affectif ou péjoratif souvenir « tu vois j’y étais » ou ce genre de pensée assez dilatoire qui me fit ne pas envisager non plus que percevoir simplement la dragée qui marque, sur cette chaussée, l’emplacement d’une voie réservée aux cyclistes (en ville, après que le monde brûle de kérosène détaxé ainsi que de gaz-oil agricole, qu’il croûle sous l’immensité du gâchis mis en place dans les lustres précédents, on envisage gravement de laisser la place aux mobilités douces – que ce dialecte est osé – le vélo, la planche à roulettes, la trottinette (le tout sera électrifié, certes et bien sûr, mais nous avons des réacteurs nucléaires à faire fructifier – pour les déchets d’iceux-ci on verra avec monsieur musk et ses fusées afin de les expédier sur quelque autre endroit inutile à l’humanité) – et voilà
non, mais j’y retourne

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

2 commentaires à propos de “#anthologie #39 | images”

  1. « On ferait mieux de regarder devant soi »
    Surtout avant de traverser la rue pour trouver un emploi.
    Merci Piero. Pour les déambulations et les fichiers dans les dossiers dans le dossier.

  2. protégeons nous (comment, peut-être en tentant de n’en voir que les effets sur la vie de ceux qui n’y peuvent mais) de ce « genre de truismes et de fadaises qui éloignent l’éthique d’un pet dédaigneux ou discourtois » ce qui résume assez bien ce que l’on veut nous faire lire et entendre (mais je fatigue)