Les images guident, parfois mal, mais guident quand même. Les vieilles photographies prises par les parents, la famille. Les numéros des dossards, 5, 23, 17, 9 et quoi d’autre quand la mémoire fait défaut. Les couleurs de tee-shirt, ce rouge là tellement porté qu’il est devenu presque rose, les bleus parfaitement identiques, en quadruple exemplaires parce que tu comprends, si tu es bien dedans, prends en plusieurs, ce noir si précieux avec l’or clinquant dessus, la médaille virevoltante qui tournait toujours du mauvais côté. Les albums bien rangés et puis toutes les photos en vrac, éparpillées sur la table quand on se met à les regarder, et que la mère classe ensuite par âge croissant. Et les vieilles chaussures usées, la semelle défoncée, tailles croissantes aussi, ce fétichisme absurde qui poussent des parents à conserver des objets inutiles, heures de gloire passées, la futilité et le sentimentalisme, encombrement maximum dans les placards. Et encore les coupures de presse régionale, la découpe de l’encadré où j’apparais exhibant fièrement le résultat de mes efforts sur la poitrine. Cette petite litanie insupportable en compulsant tous ces souvenirs de papier, tu étais mignonne, tu étais douée, tu étais forte, tu étais ceci cela. Jusqu’aux copains qui ne m’épargnent aucun commentaire mélancolique, car ce temps qui passe, passe aussi son témoin de relais et cet effacement, cet affadissement des couleurs devenues ternes, est aussi le signe de leur vieillissement. Tous vieillis mais qui plus mal que moi ?
Merci pour ce texte plein de nostalgie. Le temps passe, les couleurs palissent, les albums s’empilent… C’est beau