#anthologie #38 I Faux !

Le choix de l’événement fait surgir ce souvenir

Nous étions arrivés depuis peu à Rouen dans un pavillon de banlieue que nous avions eu le temps de mettre à notre goût. Je traversais le salon en L à la tapisserie d’un rouge mat graphisme doré, style art-déco, pour mettre la radio, après avoir pris le petit-déjeuner dans la cuisine repeinte en bleu. Je tournais, insouciante, le bouton du tuner et là m’est sauté à la gueule une information insupportable, putsch militaire au Chili, le Président  Allende mort. C’était la première fois que je pleurais à cause de la politique.

Faux !

La date de l’événement, le 11 septembre 1973  — après vérification —  met en lumière les infidélités de ma mémoire

Recomposition du souvenir

Le 11 septembre 1973 était un mardi. Je devais travailler. Ou sans doute étais-je arrêtée parce que j’étais enceinte de sept mois. Nous habitions au rez-de chaussée d’un HLM dans la banlieue de Caen, un logement du C.R.O.U.S. J’étais seule ou presque. Mon mari était au service militaire et j’allais promener Sacco, notre chien, tous les matins et tous les soirs. De retour de la première promenade j’ai dû mettre les infos sur le tuner. C’est à ce moment là que j’ai dû apprendre qu’il y avait un putsch au Chili, un putsch pendant lequel le Président Allende s’était retranché dans le palais de la Moneda. Profondément choquée j’ai dû passer le reste du temps jusqu’à l’annonce de la mort d’Allende, scotchée aux informations et j’ai pleuré, ça j’en suis sûre !

A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

3 commentaires à propos de “#anthologie #38 I Faux !”

  1. Étonnant comme des souvenirs qui provoquent de telles émotions violentes peuvent être associés à des lieux différents de ceux où l’on a ressenti ces émotions. Cela m’arrive aussi. Ton texte est très beau en effet.