Réveil à l’hôtel, draps blancs, serviettes blanches, style art déco, le miroir renvoie notre image, quel jour sommes-nous ? 26 juillet 2024. Il fait beau et déjà chaud en ce matin d’été. Les premiers tables au petit déjeuner se remplissent, cafés au lait, plateaux, croissants, beignets, céréales, le buffet est impressionnant et chacun se met à sa place. Les langues nombreuses et cosmopolites se délient, de l’arabe, de l’anglais, de l’hindi, nous sommes à Mulhouse, à la frontière de la Suisse et de l’Allemagne. Et dans toutes les bouches, nous entendons que ce soir, à Paris, se déroule la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Mais qu’est-ce qui nous a fait l’oublier durant cette journée ? Serait-ce notre promenade à Bâle en Suisse sous une chaleur torride à flâner dans les rues colorées et propres ? Serait-ce cette petite terrasse de café où nous avons goûté à quelques mets locaux à quelques pas d’une librairie ? Serait-ce ces boutiques de toutes sortes ou l’image de la police roulant dans des voitures Tesla flambantes neuves qui nous ont emmené loin de la capitale française ? Non, ce n’est pas cela qui a enlevé de nos esprits le programme artistique que nous aurions pu regarder tranquillement sur un écran. Nous étions en train de revenir le long du Rhin où nous nous étonnions de voir les gens se baigner munis de sacs étanches où ils pouvaient glisser leurs vêtements pour ensuite se changer le long de la berge. Nous étions en train de boire un verre, fatigués de marcher et épuisés par le soleil ardent, lorsque nous avons décidé de rentrer. Etait-ce la fatigue ? L’excitation d’une fin de journée ? Le bonheur d’être avec nos enfants qui nous a fait oublier toute prudence et a créé l’accident ? De bruit, à peine il y a eu, une secousse, la voiture n’allait pas vite mais est rentrée dans celle de devant qui s’était brutalement arrêtée. Une secousse, un choc, portières ouvertes, nous sortons tous les quatre et regardons les dégâts ; pare-choc, radiateur fuyant, lumières défoncées, capot soulevé et écrabouillé mais comment n’avons nous rien eu ? Il est un peu plus de dix-sept heures et l’air est encore brûlant. Nous sommes juste après la douane Suisse à quelques kilomètres de Mulhouse, le verre des phares et les gravats gisent sur la route. Papiers, constat, pleurs, coups de fil assurance, dépannage. Les heures s’écoulent tandis que nous attendons sur le trottoir entre les deux pays. Un voisin vient balayer les pièces tombées et nous apporter de l’eau et un commerçant propose ses toilettes, nous sommes touchés. Dix-neuf heures, le spectacle fluvial commence. Nous remontons la rue à pied jusqu’à la prochaine gare, trop d’embouteillage, le taxi de l’assurance est bloqué. Vingt-heures, les tableaux se succèdent, Lady Gaga, Aya Nakamura, Juliette Armanet chantent les unes après les autres lorsque nous arrivons dans nos chambres. Nous laissons couler l’eau chaude sur nos corps stressés tandis que Gojira joue à la Conciergerie et décidons d’aller nous restaurer, dehors. Philippe Catherine danse, tout de bleu, au milieu d’une grande tablée et nous mangeons avec appétit. La peur et l’après choc se diluent dans nos plats. Céline Dion chante Piaf tandis que nous marchons lentement vers notre hôtel, rassasiés mais épuisés. Le grand écran du bar est allumé et nous voyons la vasque olympique s’envoler dans le ciel. C’est beau.
2 commentaires à propos de “#anthologie #38 | 26 juillet 2024”
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j’aime beaucoup comment la cérémonie s’invite dans un accident de parcours
Un texte sobre et précis, qui pourrait faire partie de Mémoires puisque s’y invite cette cérémonie en même temps qu’un accident familial, merci pour cette écriture fluide, et le choix du titre-date, qui dans quelques années excitera la curiosité, car oublié par la plupart!