Je vis ces deux hommes à ce bal de milonga les visages graves ils glissaient comme des ombres noires sur une musique bandonéon violon et voix comme une plainte pour couvrir aujourd’hui encore les coups de feu à Medellin où Escobar tsar du cartel des narcos avait semé la terreur et la mort sans distinction dans les années 80. Je les voyais improviser une chorégraphie aux inflexions souples de leurs jambes entremêlées en une continuité, un plaisir presque insolent lancé à ce passé qui les hantait ; ils tournaient dans le sens inverse des aiguilles de montre effaçant les traces des fantômes toujours accrochées à leurs talons défiant ainsi la nuit et le temps lui-même.