Je vis les cendres de l’incendie de sa vie voler là où la mer appelle les corps sur les rochers débordés par les embruns d’une flamme de fond, ici où le chien s’est couché les yeux embrumés de chagrin il n’a fait que suivre la file, un simple éclair d’humanité que la musique entraînait de ses pas chaloupés, en un virement de bord le vent a rendu ce nuage de poussière grise, une tourmente pour chacun, une tornade de sentiments un œil de cyclone comme le regard intérieur d’une supplique.
Je vis son regard fier de Kogi chaque souffle portait l’écho des anciens sans langage il frottait son bâton sur le poporo-calebasse il gravait enregistrait l’énigme de son peuple écrivait l’imaginaire de ses pensées sur l’écorce du temps. Des spirales traçaient les chemins ouvrait les portes de l’enfance racines du passé passage à l’âge adulte, destin incertain de la tradition ou de l’évasion, un idéal de vie sans retour, ombres dansantes peut-être un voyage dans les méandres de l’oubli.
Je vis dans leurs yeux l’attente de rien voiler jusqu’à l’ombre de leurs paupières plissées un temps replié dans le creux de leurs orbites, anticipation silencieuse hantise, une gestation de la fin, mémoire sans langage au silence partagé, cruelle promesse d’éternité saisissante de ce qui ne nous appartenait pas encore, un point lointain sur notre vaste ligne d’horizon.