L’oncle Gelsino, il était chauffeur de bus. Des premiers bus. Il avait un pistolet, un petit pistolet. J’étais gamin. Il est parti en Amérique. Il est revenu. Il est parti en Argentine. Pendant quarante ans, il n’a plus écrit. On n’avait pas de téléphone à cette époque. Après la guerre, c’était en hiver, il y avait de la neige. On allait avec mon père au soleil sur la place. Tout à coup Mena est venue appeler notre père : “Papa, papa, l’oncle Gelsino a écrit !”. La première lettre. Mon père a répondu. une femme un peu instruite répondait de la part de mon père. Gelsino a envoyé un paquet. C’était une boîte en contreplaqué. Il avait mis deux costumes dedans, qu’il ne mettait plus, et un manteau. Ils étaient trop grands. On a dû les reprendre. Avec le manteau, on m’a fait faire un costume. Comme il n’y avait pas assez d’étoffe, on m’a fait un pantalon trois quarts, c’était à la mode. Un manteau tout gris foncé. Les costumes, l’un était gris foncé, l’autre était plus clair. Le paquet avait été perdu pendant dix-huit mois. Il était retourné en Argentine. Il nous avait envoyé la photo de sa femme et de sa fille. Sa femme s’appelait Maria Grazia. Elle était enseignante. Sa fille me ressemblait. Elle s’appelait Graziella. Elle avait mon âge car Gelsino s’était marié tard. Il avait un minibus pour faire le ramassage scolaire. L’argent en Argentine avait perdu beaucoup de valeur. Il avait laissé de l’argent à son frère. Giovanni lui a renvoyé cinq cent mille lires, ce qui en Argentine était une somme énorme. Graziella nous a envoyé des photos. On a perdu sa trace. J’aurais voulu participer à l’émission de Raffaella Carra pour les retrouver.