JE VIS un visage plaqué contre un grillage, un pistolet à pétards enfoncé dans la tempe.
C’était la kermesse de l’école de l’Enfant Jésus. Ils étaient deux, peut-être trois à l’avoir poursuivi, lui, un des seuls Noirs de l’école. La terreur le défigurait, des larmes coulaient dans les plis de son visage. J’étais caché derrière un muret. Le grillage ployait sous la pression. J’ai pris mes jambes à mon cou.
JE VIS la tour blanche apparaître entre les pins. La piste de sable. Les isolants en verre, l’acier, le béton. Le lierre s’agrippant au DANGER DE MORT
Ils jouaient. Ils jouaient à se faire peur. L’un des deux a pris feu. L’autre se suicidera, douze ans plus tard.
JE VIS un buisson, sur le flanc d’une colline aride.
Il s’approche, ouvre sa braguette, s’étonne de l’herbe couchée au milieu du hallier, urine. On grogne. Quelqu’un vit ici. Il s’enfuit.
JE VIS les yeux fous de mon oncle.
Il n’a pas d’enfant et m’a toujours parlé comme si j’étais un adulte. Un homme portait un sac de prunes et avait tenté de sauter du train en marche. Il met l’emphase sur le sac de prunes et regrette de ne pas être allé voir un psychologue.