Visage à hauteur de champ. Champ de vision. Champ de forces. Champ de blé, juste avant la moisson. S’asseoir au bord, regarder. Alignés, blonds et droits, les épis, éclos au sommet de leurs échasses légères. Un peuple entier, prêt à être fauché, à donner le meilleur. Du grain à moudre. Une brise lente incline sans heurts la récolte à venir. Un ange passe, la vague des épis donne à entendre son murmure d’écume et de papier. Au lointain, à l’ouest, le trait d’une île souligne ce que désigne tout le champ arrivé à maturité. De l’autre côté, la route se charge de transporter la rumeur. Un tracteur et sa remorque se rapprochent. Le moment est venu. La fille du coupeur de paille, la fille du coupeur de blé, regarde une dernière fois le champ de blé debout. Et s’en va.
En pensant à Charles Juliet
merci pour Charles !
La fille du coupeur de blé s’en va : c’est dommage. Elle aurait dû attendre la moissonneuse-batteuse y grimper s’y asseoir et vivre le ralenti. L’écrire ? Ça pourrait. Faudrait essayer. Merci Christine pour cette belle évocation.
« son murmure d’écume et de papier » j’aime beaucoup l’image, merci !