en lien avec #anthologie #12 | Triolet et notes de voyage
Je remarque une affiche collée sur un mur indiquant qu’un orphelinat recherche des volontaires. Quelques jours plus tard, empruntant un bus et un itinéraire compliqué loin du centre, je me présente à Happy Home pour faire peindre et dessiner les enfants. Il fait chaud, l’heure du repas est passée, nous nous installons à l’ombre de la tonnelle sur la terrasse qui surplombe la maison. Il y a une dizaine d’enfants, entre 4 et 9 ans, je leur demande de s’asseoir en cercle. Je me demande qui ils sont, comment ils sont arrivés là. Sont-ils heureux ? Certains, m’avait appris le directeur, ont une famille et sont envoyés ici pour recevoir une scolarité, d’autres sont orphelins de père ou de mère ou des deux. Tous sont issus de familles très pauvres, c’est ce qui les rassemblent. Je les regarde un à un, de grands yeux noirs, des sourires qui découvrent des dents très blanches. Ils ont hâte que ça commence. Comment vont-ils grandir, et après, quelle sera leur vie ? S’affranchiront ils de la misère de leur naissance, le pourront-ils seulement ? Ce moment à peindre ensemble, qu’est ce que ça va leur apporter ? Je m’accorde avec moi-même en me disant que je leur offre une parenthèse, juste une parenthèse colorée. Je tire lentement de mon gros sac des feuilles, des carnets, des stylos feutres, des pinceaux, des petites boîtes de peinture à l’eau. Et des chiffons pour essuyer les pinceaux, et des gobelets et des petites palettes. A chaque objet que je sors de mon sac, ce sont des exclamations de joie. Apporter devant chacun le matériel en demandant son nom. Remplir 10 gobelets d’eau, un à un en suant dès que je fais un pas. Expliquer en petit anglais ce qu’on va faire. La roue des couleurs d’abord. Explorer les mélanges du jaune, du bleu, du rouge…Le temps est suspendu. Je n’ai pas de montre. Dans le ciel des cerfs-volants dansent au milieu des oiseaux. Les enfants peignent, ils font très attention à ne pas salir par terre. Ils sont concentrés, ils ne parlent pas, ils s’appliquent. Ils ont bien compris le mélange des couleurs, comment essuyer les pinceaux. Ils passent maintenant au coloriage à partir de grandes feuilles redessinées représentant des dieux et déesse hindouistes. Je les ai acheté dans la plus grande librairie de Katmandou, où j’ai eu la bonne surprise de trouver un vaste secteur jeunesse. Je passe voir chaque enfant que j’encourage ou que je le félicite. L’après-midi avance doucement, la chaleur diminue un peu. On range les couleurs, on nettoie les pinceaux, on les sèche sur les chiffons. On dispose toutes les peintures par terre en cercle. On applaudit.
Je prends quelques photos, mon sourire est permanent. C’est rare.
Merci pour ce sourire qu’on devine tout au long du texte et de cette joie insufflée à ces enfants. Touchant. touchée.
Merci Eve pour ton commentaire, il m’est précieux !