Le lit asséché d’une rivière – un lit de galets blancs – les rives bordées de peupliers –il fait très chaud, chaud et sec
Le lit – terme générique pour tous les lits dans lesquels il a dormi – maintenant, asséché. En passant la main pour lisser les plis de la nuit, aucune humidité ne se dépose sur ses doigts, qu’il hume et goûte et éprouve pour ne pas conclure que c’est ainsi que finit sa vie amoureuse. En un lit de galets blancs, véritable voie lactée, aux étoiles comme des œufs déposés en attente, en attente de quoi ? En attente de ce moment où l’un d’eux se détachera avec prudence, sans se cogner aux autres, mais en mettant chaque atome de sa structure en contact avec eux à tour de rôle, en s’imprégnant du savoir de chacun d’eux, en caressant leurs espoirs refoulés, ce moment où il roulera au gré du vent, faute d’être emporté par des eaux rafraichissantes, au gré d’une brise légère mais puissante, en suivant les rives, celles de son inconscient peuplé de fantômes. La rotation lente de ce galet, de cet œuf à éclore, devra montrer chacun de ses flancs, découvrant ainsi une virginité affectée par les fautes de parcours… il fait chaud – chaleur infernale qui consume tout espoir – chaud et sec, ainsi la sécheresse envahit les cœurs, et le galet, l’œuf qui s’est détaché, qui a roulé emporté par la brise légère mais puissante, qui a montré tous ses flancs découvrant ainsi ses blessures, cet œuf, ce galet devient dur