Crépuscule, senteur de cyprès. Alexandre traverse la cour de graviers. Ils crissent. Les dunes formées par les pas précédents et par nos mains d’enfants s’éboulent. Les galets du sommet dégringolent, s’enfouissent. Une voiture passe. La cour est calme. Greta est morte.
Alexandre s’agenouille devant la tombe que Jean-Louis a creusée. Son jean se plisse. Derrière ses lunettes, les larmes montent. Elles émergent du coin de l’œil pour, petit à petit, en recouvrir toute la surface.
Il actionne la molette du briquet, une nuée d’étincelles enflamment le gaz. La flamme ondoie. Il ravive la bougie qui s’est éteinte la nuit dernière, s’assoit sur ses talons, scrute la croix en bois de palette sur lequel le nom de la dalmatienne est inscrit au marqueur. Les larmes sont devenues trop lourdes, elles coulent surs ses joues. À la base de la mèche, une flaque de cire se forme.
Débute le rituel. Il passe sa main au-dessus de la flamme. Ça le brûle. Vers la gauche, vers la droite ; vers la gauche, vers la droite. Il le fera dix fois, en priant. Puis il ôtera ses lunettes, essuiera ses larmes, se relèvera, fera de nouveau crisser le gravier. Christine l’embrassera.
De retour dans sa chambre, il regardera par la fenêtre la lueur frémir au coin du jardin.