Ailleurs, dans l’arrière cuisine.
Bec d’un robinet au dessus d’un lavoir en béton. Une perle d’eau apparaît. Pas tout à fait goutte. Collée au laiton de l’embout. Le temps semble se suspendre ; ça dure ; on dirait que la perle commence à s’étirer très légèrement en un filet rare ; se créant en suspension son corps de goutte pleine ; la goutte d’eau se forme se dilate en tremblant ; on sent qu’elle résiste à l’attraction du vide sous elle ; l’attache s’étire encore ; lui donnant son allure de larme. Cette goutte là, déjà se décollant, se fait ronde pour un instant. Chute accélérée. Percute la surface de l’eau dans le seau métallique que Marie a posé au fond du lavoir. Des gouttelettes s’agitent à toute vitesse. Tempo serré du goutte à goutte. De quoi chatouiller les nerfs. Elle ira vider le seau d’eau sur les radis quand il sera plein, se dit-elle. Dans ses mains un sac plein de framboises et de mûres cuites. Ses doigts serrés s’enfonçant dans la matière visqueuse du sac. Gargouillement des fruits. Le liquide dégouline le long de ses bras de ses cuisses.
Rien ne vient la distraire de ça. Il sera bien temps tout à l’heure de se laver sous le jet turbulent de l’eau jaillissant du robinet.
… magnifique texte sur la dilatation de l’eau et pas que… Merci!
une nouvelle expérience d’écriture en tout cas ! je me demandais si ça passait la rampe, comme on dit, alors , merci beaucoup de votre retour !
magnifique suspens cette goutte au ralenti. Merci.
merci beaucoup de votre lecture et de votre retour !