Intérieur d’une twingo couleur crème – traces de boue sur les bas de caisse – phares allumés – roule à bonne vitesse
LA ROUTE NATIONALE
(depuis l’autoradio les informations) – route à deux voies larges – le flan escarpé de la montagne à droite – à gauche la vallée – prairies et champs – restaurant fermé au bord de la route – une carrosserie (enseigne lumineuse sur traction rose) – station service abandonnée
Ç’aurait été la route des vacances parcourue des dizaines de fois, à tous les âges. Chaque kilomètre provoque un souvenir. Le bouquet de peupliers, début d’une promenade, la promenade du soir après le diner à l’hôtel. Attendre le moment d’apercevoir la traction rose posée en équilibre. L’excitation et la joie remplacées progressivement par l’inquiétude et la tristesse.
LE PETIT CHEMIN
(depuis l’autoradio Blackbird) – succession de virages – entrée du chemin qui s’approche – le chemin grimpe entre les arbres – secousses au moment du changement de revêtement – vitesse un peu trop grande freinage – un nuage de poussière
Le petit chemin n’aurait jamais eu d’autre nom, on sait bien de quoi l’on parle. Jonction douce, transition depuis la vallée pour monter là-haut . Il y a trois façons d’arriver au village elle choisit de préférence le petit chemin qui est goudronné seulement au début et qui n’est pas entretenu.
(depuis l’autoradio elle monte le son Back In Black plus fort prendre des forces)
LE VILLAGE
(le son de l’autoradio est lointain chuchotement inaudible) – le chemin arrive perpendiculairement à la rue principale – arrêt dans la côte frein à main – le cimetière à droite – traversée du pont de pierre au pas – par les fenêtres ouvertes le bruit du torrent en bas
Ça aurait pu ressembler à une page de Lucky Luke, un vautour perché sur la pancarte d’entrée du village, vous qui entrez ici et le nombre d’habitants successivement rayé et remplacé de plus en plus faible. Elle s’égare c’est à cause du cimetière.
« L’excitation et la joie remplacées progressivement par l’inquiétude et la tristesse. » cette ambivalence des retours . Je le sens ce petit chemin avec les ombres des pierres du cimetière au loin. Merci
la notation « à tous les âges » me semble de trop (si je puis me permettre (trop temporelle) (l’autoradio pourrait donner ces indications d’âge (peut-être) J’aime beaucoup le dernier paragraphe qui dit la désertification (m^me si je n’aime pas ce mot) merci Isabelle
j’aime beaucoup Isabelle ! et ce conditionnel qui revient alors que entouré de précisions et réel. Très beau ! merci
Quel beau mouvement dans ce texte qui bouleverse.
Je suis touchée. Merci