#anthologie #35 | le café des aiguilles

(en lien avec #anthologie #16 | les aiguilles )

Ville : inconnue. Mais ville : immeubles, entrées, sorties, densité, passants, voitures, reflets. L’agitation de la ville contraste avec la lenteur et le presque figé du café. Le café du dehors. Le café du dedans. Deux femmes, une jeune, une vieille. 

Il y a les rides, il y a les regards. Les rides surtout sur le visage de la femme âgée. Là, elle ouvre la bouche pour parler mais ne parle pas.
L’autre femme, la jeune, demande.
C’est de la poussière entre elles.
Oui, de la poussière.
Le garçon de café arrive.
Elle regarde les aiguilles.
Laquelle ?
Les deux, elles ne veulent pas être là.
Elle tapote ses doigts jaunis sur la table, elle veut fumer. Elle veut partir. 
Bien sûr, c’est ce qu’elles veulent toutes les deux.
Peut-être que le café n’est pas le meilleur endroit.

Mer grise. Plage déserte sauf un promeneur avec un chien qui court. Chemin de bord, chemin qui longe, quelques personnes mais des ombres. Le vent est fort, il pousserait les corps à se rapprocher pour s’entendre sinon ça ne servirait à rien. 

Il y en a qu’une qui viendrait.
Oui, l’autre trouverait ça trop intime. Il n’y a pas de route pour s’échapper. 
Il faudrait faire autre chose que venir.

Route abîmée. Façade d’immeuble abîmée. Porte abîmée.

L’autre n’ouvrirait pas.
Non, elle serait là, derrière sa fenêtre, mais elle n’ouvrirait pas.

Café de nouveau. Le même. D’autres personnes peut-être. Ou bien vide, oui vide. Elles sont parties. Il ne reste que leurs chaises vides et les cafés froids qu’elles n’ont pas bus. 

Là.
Là.

4 commentaires à propos de “#anthologie #35 | le café des aiguilles”

  1. texte fort qui m’a poussée à me demander ce qu’elles pouvaient bien avoir à se dire, une femme jeune et une femme vieille, mère et fille ou autre chose… cette impatience, ce vent fort sur la plage qui disperse les mots, le café qu’elles n’ont pas bu…

  2. « Le vent est fort, il pousserait les corps à se rapprocher pour s’entendre sinon ça ne servirait à rien » ce qui pourrait se dire dehors ne se dit pas dedans, na pas lieu dans la café le rapprochement des corps ; beau contraste