Oh, René, ça fait un bail. Comment tu vas, mon vieux ? (grande accolade). Pas mal, et toi ? Ma foi, je ne pourrais aller mieux (rire joyeux), tu vois, plus je vieillis, mieux je me porte, c’est à n’y rien comprendre (éclat de rire sonore). Mais dis donc René, il me semble t’avoir vu boiter tout à l’heure, il t’est arrivé quelque chose ? (mine sérieuse) Non, rien du tout. T’as dû te tromper, je ne boite pas. Mais si, je l’ai vu, t’as une jambe plus grande que l’autre (petit rire joyeux). Un accident ? Non, je t’assure que je ne boite pas, qu’est-ce qui te prend ? (il marche de long en large d’un pas alerte et léger). Tu vois comme je marche bien, sans boitement d’aucune sorte. René, je t’assure, tu boites drôlement ! Cela ne te fait pas mal ? (mine soudain soucieuse). Mal aucun, puisque je ne boite pas. Si c’est pour me dire des conneries, tu n’as qu’à débarrasser le plancher. Hasta la vista ! (en s’éloignant, René sent une forte douleur à sa hanche droite).
Rideau
Oh, Maurice, ça fait un bail ! Comment tu vas, mon vieux ? (grande accolade). Pas mal, et toi ? Ma foi, je ne pourrais aller mieux (rire joyeux), tu vois, plus je vieillis, mieux je me porte, c’est à n’y rien comprendre (éclat de rire sonore). Mais dis donc, Maurice, qu’est-il arrivé à ton œil ? Tu t’es blessé ? (mine soudain soucieuse). Mais non, je t’assure, mes deux yeux se portent parfaitement bien. Pourquoi tu dis cela ? Parce que le droit est complètement fermé, tu t’es cogné ou quoi ? (air très sérieux). Mais qu’est-ce que tu racontes, j’ai les deux yeux bien ouverts, c’est avec eux que je te regarde. Ok, ok, alors, si tu vois parfaitement bien, dis-moi si je boite. (Il marche de long en en large d’un pas alerte et léger). Mais non, tu ne boites pas. Tu marches parfaitement sur tes deux jambes ! Ah, il me semblait bien ! C’est cet abruti de Marcel qui m’a dit tout à l’heure que je boitais. Sacré imbécile ! Mais toi, t’as un œil en moins, ça je peux te l’assurer. Moi, un œil en moins ? Tu dérailles ? (en s’éloignant, Maurice sent une forte douleur à l’œil droit).
Rideau
Oh, Marcel, ça fait un bail ! Comment tu vas, mon vieux ? (grande accolade). Pas mal, et toi ? Ma foi, je ne pourrais aller mieux (rire joyeux), tu vois, plus je vieillis, mieux je me porte, c’est à n’y rien comprendre (éclat de rire sonore). Mais dis donc, Marcel, qu’est-ce que tu as autour du cou ? C’est une nouvelle mode ? Comment autour du cou, je ne porte rien. Mais si, c’est une corde, voyons, tu portes une corde autour du cou. (grand air soucieux et intrigué). Je n’ai rien, je ne sens rien, je me sens parfaitement bien. Tu vois des choses où elles n’existent pas. C’est René qui ne va pas bien, il a une jambe plus grande que l’autre, et Maurice à qui il manque un œil. Et toi, et bien toi… tu…oh….
Précède la 31 (Merci à Ugo Pandolfi, dont le texte, « mère grand », m’a aidé à écrire celui-ci).
…. quel texte !… je vais aller lire le 31. Merci!
Merci, Eve !