#anthologie #34 I un jour d’anniversaire

Par ce dialogue j'ai essayé de mettre en lien deux personnages créés lors des consignes précédentes. Je tisse... enfin...j'essaie...

Le jour de ses quarante ans il piétine devant la porte de son domicile ne sachant s’il veut ou non entrer. Il fait nuit. Il fait froid. Il sait qu’on l’attend pour fêter son anniversaire.* Il l’entend encore lui dire tache d’être à l’heure, j’ai réservé un restaurant. C’est le mot de passe pour une surprise. Il le sait… Qu’est-ce que tu as encore concocté ? Elle ne répond jamais à cette question si ce n’est par un clin d’œil malicieux… tu vas voir ! Il ne veut pas voir. Il est devant la porte fermée… Tu ne peux pas comprendre ! Elle l’a entendu arriver… C’est difficile quarante ans, je le sais, je suis passée par là avant toi ! Elle ouvre la porte et ne le laisse pas entrer le poussant légèrement pour l’éloigner des préparatifs. Elle lui prend le bras… Conduis-moi au jardin des plantes, on a le temps d’aller voir l’exposition… l’exposition ?  Elle affiche un sourire rayonnant… Tu es belle ! Il se sent vieux… Je me sens vieux ! Elle rit… Mais tu es vieux ! Très vieux, statistiquement il ne te reste à vivre que quarante années… et si tu te débrouilles bien tu pourras les vivre avec moi. Allons, viens, on va marcher un peu ! Il rechigne. Il rechigne toujours !

Stop !

Il a un frère. Il ne veut pas le rencontrer. Son frère ne veut pas non plus. Ils s’évitent. Tout en suivant de loin le parcours de l’autre. L’autre ? C’est le même. Qui a quarante ans aujourd’hui. Qui habite dans une caravane. Qui boit et fait la manche. Et elle, elle est au courant.

Reprise

Tu sais bien que je n’aime pas aller là où je pourrais rencontrer mon frère ! La voix est rauque… Peut-être aujourd’hui tu peux essayer de lui faire un signe… avec moi à tes côtés … Non ! Il a crié. Elle n’a pas le temps de poursuivre sa proposition. Il lui a retiré le bras… je-ne-peux-pas ! Tout chez lui m’accuse de quelque chose dont je ne suis pas responsable… bien sûr que non, tu n’es pas responsable, elle lui reprend le bras

Stop !

Il a revu son frère une dernière fois quand, celui-ci lui a balancé avec violence… je ne peux vivre que pour mourir, que pour aller au bout de mes désirs de destruction, au bout du bout de mes transgressions, au bout de la mise en miettes du vernis qui me fait tenir debout. Je veux m’écrouler lamentablement tu entends et de mon propre gré. Je veux pouvoir choisir la jouissance d’une chute aux enfers, la mienne. Tu sais bien… il n’y a pas de place pour un clone, un autre toi, et puisque toi tu réussis, je vais disparaître et je veux que tu me vois disparaître, je veux que tu sois conscient que maintenant tu es tout seul !

Reprise

Quelques fois je me dis qu’un signe de tendresse, juste un petit signe, pourrait peut-être l’aider… mais je n’en suis pas sûre. Elle pose sa tête sur son épaule. Ils marchent lentement ensemble… J’ai déjà essayé… ça n’a fait de bien ni à l’un ni à l’autre ! Le téléphone sonne, elle décroche… elle dit on rentre !

 

*ref #10-Lui
** ref #5 - façade puis #27

A propos de Claudine Dozoul

Se balade entre écriture et pratiques artistiques diverses. Animatrice depuis longtemps d'ateliers d'écriture.

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