# anthologie # 34 | dimanche soir

impasse sur la 33 - la scène a déjà été évoquée dans le dialogue #3 il y a quelques années - plus explicitement - je ne peux poser de liens je suis dans une zone blanche d'internet ("la mise à jour a échoué vous êtes probablement hors ligne" indique le bandeau rouge - ça ne fait rien - comme un peu partout ici cet été : travail en cours


Convaincre influencer persuader des mots qui portent des idées qui emportent l’adhésion la compréhension la vérité c’est ça la vérité ils sont trois ils seront bientôt cinq il n’y a pas d’alternative trois hommes deux femmes un café au coin d’un place dans une capitale un dimanche soir vers sept heures au milieu du monde ils discutent sans faire trop de bruit il n’y a rien d’anormal puisque tout est anormal depuis quelques semaines ils sont dans le fond du bar ils ne se cachent pas naturels spontanés ils ne risquent rien ils sont comme chez eux ils parlent ensemble ils discutent ils argumentent ils sont là elles sont là les mains bougent les regards tentent de saisir les regards les yeux se baissent on se comprend on n’y arrive pas d’autres s’énervent s’enhardissent avancent des propos et des paroles d’honneur on jure sur sa vie sur les yeux de sa mère on argumente encore sans trop s’avancer ou s’échauffer on se calme on pose des hypothèses il y a quelque chose qui les protègent ils sont chez eux comme ils sont chez eux partout où on admire et soutient leur cause et contre l’unité l’État ne peut rien désarmé sans force et sans effet les sirènes peuvent hurler les perquisitions et les contrôles se multiplier il ne peut rien ils sont là d’abord deux contre un et bien sûr que ces deux-là ont raison ils ont la vie de leur côté la vraie vie le bonheur rapide inutile sans frais de se regarder dans une glace et n’y pas trouver la honte ça a quelque chose d’important de nécessaire de réel sauf que l’autre argumente c’est ensemble que ça se fait tous ensemble sans désunion tout le monde est d’accord sauf vous tous tant qu’ils sont moi je ne suis rien je ne fais que rapporter leurs avis tous et toutes ensemble un verdict est un verdict il faut s’y plier non ce n’est pas possible on ne peut pas faire ça on ne peut pas on ne vous demande pas de le faire vous ne le ferez pas je le ferai personne d’autre que moi ne le fera ce n’est pas toi justement c’est nous nous tous ensemble qui le feront et tous ensemble tous nous serons coupables c’est eux qui sont coupables c’st contre eux qu’on se bat ce sont eux qui tuent dans leurs usines ce sont eux qui tuent il faut le faire pour en sortir il le faudra bien les deux autres arrivent au bout d’une heure peut-être de palabres le patron nettoie ses verres maintenant ils sont trois contre deux dehors il fait toujours jour il fait toujours jour quelque part sur terre on ne discute pas on ne discute plus le temps presse et l’affaire est entendue on ne peut plus reculer bien sûr que si et ce n’est pas reculer oui mais ils ne font rien tu vois bien ils ne font rien ils veulent nous endormir et pendant ce temps-là ils cherchent et finiront par trouver ils ne cherchent pas ils ne cherchent rien ils ne veulent surtout rien trouver ils l’ont jeté il ne leur sert plus à rien c’est un poids inutile et ils veulent s’en débarrasser tu le sais aussi bien que nous on ne peut pas reculer ce n’est pas reculer c’est au contraire leur donner tort il faut qu’ils fassent quelque chose mais ils ne disent rien tu vois bien qu’ils ne disent rien écoutez vous entendez quelque chose un mot une volonté de sortir de l’impasse rien et rien depuis le début vous le savez comme moi écoutez maintenant ça suffit on ne parle plus on agit il faut parler il ne faut pas parler il faut il ne faut pas ils boivent du jus de citron la glace a fondu il fait chaud comme au printemps et voilà le jour qui s’en va et le patron qui vient les voir on va fermer désolé il s’en va s’essuie les mains à son torchon rentre les chaises de la terrasse dehors vaque le monde les lumières s’allument une voiture de police hurle passent les secondes demain j’appelle mais ça ne donnera rien vous le voyez bien vous mêmes même sa femme n’y peut rien même le pape n’y pourrait rien et d’ailleurs même le pape l’a lâché ça ne sert à rien il n’y a rien à dire il n’y a plus rien à dire moi je ne reste pas moi non plus elles se lèvent ils se lèvent on attend encore on attend peut-être c’est inutile le dos au mur les uns vont de ce côté les autres se séparent clandestins cachés perdus murés envahis de doutes et de certitudes ils s’en vont dormir est difficile impossible inutile interdit ils marchent s’en vont et sur eux la nuit se referme c’est Rome neuf heures et demie du soir ce dimanche-là

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

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